En Iran, levée de l'interdiction de WhatsApp : un tournant numérique en vue ?
2024-12-24
Auteur: Léa
Le monde du numérique en Iran prend un tournant inattendu. Le Conseil suprême du cyberespace a voté le 24 décembre pour lever l'interdiction de WhatsApp, imposée depuis plus de deux ans. Cette décision a été rapportée avec enthousiasme par l'agence de presse officielle IRNA, et marque un changement dans la gestion des applications de messagerie dans le pays.
Cette nouvelle a été saluée par le ministre des communications, Sattar Hashemi, qui a annoncé sur X que ce vote unanime représente un pas positif vers la réouverture d'un Internet davantage libre pour les Iraniens. Massoud Pezeshkian, le président iranien en fonction depuis juillet, avait promis lors de sa campagne de réduire les restrictions pesant sur l'accès à Internet.
Une mesure saluée par certains, mais qui suscite également des inquiétudes au sein du paysage politique. En effet, après les manifestations de 2022 qui ont suivi la mort tragique de Mahsa Amini, l'État iranien avait pris une série de mesures strictes, bloquant de nombreuses plateformes populaires telles qu'Instagram, YouTube, et Twitter. Ces décisions avaient pour objectif d'étouffer le mécontentement et la circulation d'informations, mais avaient également alimenté le débat sur le coût de ces restrictions pour la société.
Le conseiller présidentiel Ali Rabiei a souligné les conséquences négatives des limitations imposées, affirmant qu'elles avaient provoqué davantage de colère et de frustration chez la population. Cependant, tous les responsables politiques ne sont pas d'accord avec cette ouverture : selon le quotidien réformateur Shargh, 136 députés sur 290 ont écrit au Conseil suprême du cyberespace pour s'opposer à cette levée, la qualifiant de "cadeau aux ennemis de l'Iran".
Ces députés exigent que l'accès aux plateformes en ligne soit conditionné au respect des valeurs islamiques et des lois iraniennes, renforçant ainsi les tensions au sein de l'Assemblée.
En somme, cette décision pourrait marquer le début d'une nouvelle ère pour l'utilisation d'Internet en Iran, mais elle s'accompagne de nombreuses interrogations et d'une opposition clairement exprimée par des membres influents du gouvernement. Ainsi, la question demeure : l'Iran est-il prêt à embrasser un Internet plus libre, ou cette ouverture n'est-elle qu'une façade ? Les prochains mois seront décisifs pour l'avenir numérique du pays.