Divertissement

« Emmanuelle » : Audrey Diwan révèle comment l'ère MeToo a transformé le cinéma érotique

2024-09-23

Audrey Diwan est loin de se laisser aller après ses succès. La réalisatrice de « Mais vous êtes fous » et lauréate du Lion d'or à Venise pour « L'Événement » s'attaque à un classique audacieux : « Emmanuelle ». Ce roman d'Emmanuelle Arsan, déjà adapté au cinéma en 1974 par Just Jaeckin, et porté à l'écran par l'inoubliable Sylvia Kristel, fait peau neuve.

Un demi-siècle après ce triomphe au box-office, Diwan a choisi de confier à Noémie Merlant le rôle d'une femme en quête de sensations, se déroulant dans un hôtel à Hong Kong. Dans cette nouvelle vision, l'héroïne est présentée de manière radicalement différente par rapport à ce que le public a connu dans les années 70. La réalisatrice partage sa vision avec 20 Minutes, expliquant son approche unique de cette histoire à l'heure des années 2020.

Pour Diwan, Emmanuelle n'est pas seulement un personnage. "C’est une femme qui s’éloigne de son propre corps, qui devient imperméable au désir et au plaisir. Elle ne ressent plus rien, et j’invite le spectateur à plonger dans son parcours pour la retrouver", explique-t-elle.

Concernant la représentation du corps et du désir, elle souligne la nécessité de créer une relation plus consciente avec l'érotisme. Pour elle, l’ère #MeToo a apporté une bouffée d’air frais au cinéma érotique, facilitant une approche plus libre et plus respectueuse. "Cela permet de choisir d’aller loin, en toute connaissance de cause", dit-elle, en faisant référence à la confiance établie avec son actrice principale.

A l'opposé des représentations passives souvent vues dans la pornographie, son film mise sur l'imagination du spectateur, en dévoilant moins mais en suggérant subtilement. "Mon objectif n'est pas de choquer, mais de faire ressentir le lien érotique, qui est avant tout un échange", indique-t-elle.

Diwan aborde aussi l'évolution des représentations de la sexualité, notant l’importance d'écouter et de valoriser les perspectives féminines. "La jouissance féminine a longtemps été ancrée dans la validation des performances masculines. En redéfinissant le désir féminin, j’espère créer un dialogue où le plaisir est partagé et valorisé sans référence systématique à l'homme."

Cette réflexion s'étend à la manière dont les scènes de sexe sont filmées aujourd'hui. Bien qu'elle élabore des scènes érotiques, Diwan assure qu'il est essentiel que les actrices aient le contrôle sur leur propre corps. "Les coordinateurs d'intimité n'étouffent pas la créativité, au contraire, ils permettent aux acteurs d'explorer de nouvelles dynamiques et de se sentir en sécurité", développe-t-elle.

En conclusion, Audrey Diwan voit l'ère MeToo comme un catalyseur de changement, ouvrant la voie à des récits plus audacieux et à des explorations enrichissantes des rapports humains. Avec « Emmanuelle », elle espère non seulement divertir, mais aussi provoquer une réflexion profonde sur le plaisir, la vulnérabilité et la sexualité dans la société moderne.