
Emmanuel Ruben, écrivain : «Au Japon, les gens ne s’adressent pas à un étranger s’il ne s’est pas présenté»
2025-04-07
Auteur: Louis
Emmanuel Ruben, un écrivain et voyageur aguerri, s'est aventuré aux quatre coins du monde, allant des États-Unis à la Lettonie, en passant par la Serbie. Écrivain prolifique, il a récemment publié un livre intitulé «L'Usage du Japon. Une traversée de l'archipel à vélo», où il partage ses expériences vécues durant un séjour de quatre mois à Kyoto. Au cours de ces mois, il a terminé l'intégralité de son texte sur son téléphone portable, révélant les profondeurs de la culture japonaise et les défis des interactions sociales.
Ruben souligne que les rencontres avec les Japonais sont rarement spontanées. Contrairement à d'autres pays où l'on peut entamer aisément une conversation, au Japon, une familiarité est nécessaire. «Les gens ne s’adressent pas à un étranger s’il ne s’est pas présenté. C'est un signe de respect profond envers la vie privée d'autrui», explique-t-il. Paradoxalement, lorsque la communication est nécessaire, une aide est presque toujours apportée, car l'honneur d'aider un étranger est très ancré dans la culture japonaise. Cela dit, la barrière de la langue, surtout dans les zones rurales où peu de Japonais parlent anglais, complique davantage ces échanges.
Pour Emmanuel, même s'il a réussi à apprendre quelques mots de japonais, il a constaté que sans une ouverture de leur part, il lui était difficile de tisser des liens significatifs. S'appuyant sur la technologie, il a pu utiliser des applications de traduction qui ont facilité certaines de ses interactions, mais l'absence d'une langue commune reste un défi majeur.
Ruben met également en avant les différences culturelles dans d'autres régions. Par exemple, en traversant le Danube, il a été accueilli chaleureusement dans des pays comme la Bulgarie, où les habitants étaient curieux et ouverts, prêts à partager leurs histoires. En revanche, il note que dans certains pays, comme en Autriche ou en Hongrie, les gens sont plus réservés et méfiants envers les étrangers.
Il évoque une anecdote marquante d'une rencontre avec une vieille dame dans le delta du Danube, où le simple contact visuel a été un puissant déclencheur pour établir une connexion humaine. Selon lui, être «bien disposé» est crucial pour favoriser les rencontres, ce qui nécessite souvent un état d’esprit réceptif et patient.
Emmanuel aborde la question des interactions dans la société moderne, citant Netflix comme un frein à la sociabilité. Les gens semblent de plus en plus absorbés dans leur vie numérique, limitant les occasions de discussions authentiques, surtout dans un monde post-pandémique.
Les bars, lieux de rencontre par excellence pour lui, ont joué un rôle essentiel lors de ses voyages. Bien qu'il ait trouvé que le Japon est plus sobre dans ce domaine, il a malgré tout persisté à explorer ces endroits, découvrant que l'alcool peut servir de catalyseur pour briser la glace, facilitant des échanges enrichissants malgré la barrière linguistique.
Ruben a aussi noté qu’au final, plusieurs de ses rencontres fortuites ont souvent abouti à une amitié durable, témoignant de la capacité humaine à créer des liens, même éphémères. Grâce aux réseaux sociaux comme Facebook et Instagram, il a pu maintenir le contact avec certains, tandis que d'autres resteront pour lui de simples souvenirs marquants.
Dans un monde où les rencontres semblent de plus en plus rares, Emmanuel Ruben continue d'explorer non seulement des territoires géographiques, mais aussi des connexions humaines qui transcendent les frontières culturelles.