Le Festival de Cannes devait être le point de rencontre tant attendu entre deux femmes de cœur, la réalisatrice franco-iranienne Sepideh Farsi et la photojournaliste palestinienne Fatma Hassouna. Le 15 avril dernier, Farsi, euphorique, a partagé avec Hassouna la grande nouvelle que leur documentaire "Put Your Soul on Your Hand and Walk" avait été sélectionné pour la section indépendante. Mais la tragédie a frappé moins de 24 heures plus tard, lorsque Fatma et neuf membres de sa famille ont perdu la vie dans le bombardement de leur immeuble à Al-Touffah, au nord de Gaza.

Une perte inacceptable

"J’ai appris la nouvelle par une de mes collègues, qui m’a partagé des publications annonçant sa mort. Je n’arrivais pas à y croire. C’était comme un cauchemar", confie Farsi, remplie d’émotion. "Nous avions fait le serment de tout faire pour qu’elle puisse venir à Cannes, mais cela ne se produira jamais." Fatma était une femme forte, consciente de la menace qui pesait sur elle, mais elle n’en parlait jamais directement. Elle souhaitait simplement vivre une vie normale.

Un regard inédit sur Gaza

Le documentaire de Sepideh Farsi vise à capturer l’essence de la vie à Gaza, à montrer ce que les médias traditionnels n’exposent pas. "Comment vivre sous le siège, entourée de bombes ?" s’interroge la réalisatrice. Son propre passé, marqué par l’exil, la pousse à offrir une voix vraie aux habitants de Gaza. Grâce à Fatma, elle a pu développer une narration authentique à travers des appels vidéo et des photographies poignantes.

Des moments de désespoir et de résilience

Dans le film, Fatma partage ses luttes quotidiennes : le bruit incessant des drones et les explosions. "Il y a des moments où elle craque, où elle exprime son désir de mener une vie normale," déclare Farsi, soulignant le contraste entre les aspirations humaines et la dure réalité de la guerre.

L’avenir du documentaire en question

Suite à la tragédie, l’avenir de "Put Your Soul on Your Hand and Walk" est en suspend. L’ACID, l'association soutenant le documentaire, a exprimé son intention de présenter le film, tout en rendant hommage à Fatma. La question se pose : faut-il modifier le contenu ? Sepideh Farsi refuse de toucher au montage initial, désireuse de conserver l'essence du film tel qu'il était, avec Fatma encore en vie.

Hommage et mémoire

Le dernier carton du film honorera la mémoire de Fatma Hassouna, tout en incluant peut-être un extrait de leur dernier échange. Plus de 250 journalistes palestiniens ont tragiquement perdu la vie depuis le 7 octobre 2023, témoignant d'une réalité que le monde doit absolument entendre.