Dans une interview percutante accordée à la Tribune du dimanche le 29 septembre, Hubert Védrine, ancien ministre des Affaires étrangères, dresse un portrait acéré de Benjamin Netanyahou, le Premier ministre israélien. Ce dernier, selon Védrine, n’hésiterait pas à prolonger le conflit au Liban pour préserver son pouvoir, en particulier à la suite des récents bombardements israéliens qui ont conduit à l'élimination du chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah.

Védrine explique que pour Netanyahou, l'extension des hostilités est une manœuvre « très habile » sur le plan politique. Depuis son arrivée au pouvoir il y a 12 ans, il a toujours mis en avant la nécessité de « protéger Israël de l'Iran », ce qui lui a apporté un soutien considérable de l'Occident et une large adhésion au sein de la population israélienne. Dans ce contexte, si le Hezbollah devait riposter, les Israéliens comprendraient instinctivement les actions de leur gouvernement.

Cette escalade a également pour ambition de renforcer la cohésion nationale face à une menace externe. Védrine souligne qu'une large partie de la population israélienne – y compris les plus pacifistes – condamne le Hezbollah, ce qui unit les citoyens autour de l'armée israélienne. Il évoque même une certaine satisfaction parmi des Libanais qui souffrent de l'influence néfaste du Hezbollah sur leur pays.

D'autre part, l'ancien ministre critique la stratégie de Netanyahou pour entraver les initiatives diplomatiques en Europe, où le Premier ministre israélien accuse ceux qui parlent du problème palestinien d'antisémitisme. Cela s’applique également aux États-Unis, où, selon lui, Israël exerce une influence disproportionnée.

Concernant l’avenir du Moyen-Orient, Védrine prévoit que toute escalade sera contenue par le Hezbollah, qui risquerait de perdre beaucoup en cas de réaction trop agressive. Il estime que la situation d'Israël ne pourra s'améliorer qu'après le départ de Netanyahou et souhaite l'avènement d'un « nouveau Rabin », en référence à l’ancien Premier ministre israélien qui a signé les accords d'Oslo avec Yasser Arafat en 1993. Ce dernier a formulé la fameuse déclaration selon laquelle il fallait « combattre le terrorisme comme s'il n'y avait pas de processus de paix ; et poursuivre le processus comme s'il n'y avait pas de terrorisme ».

Enfin, Hubert Védrine sera présent sur le plateau de Vincent Roux dans l'émission « Points de Vue » sur Le Figaro-TV, qui sera diffusée lundi 30 septembre à 12h. Cette intervention nous fera sans doute découvrir d'autres révélations sur la situation géopolitique actuelle au Moyen-Orient.