Élections présidentielles en Biélorussie : "Une parodie de démocratie", analyse l'experte Pauline Soulier
2025-01-26
Auteur: Michel
Le président sortant de la Biélorussie, Alexandre Loukachenko, se présente pour un septième mandat consécutif ce dimanche 26 janvier. Au pouvoir depuis 1994, Loukachenko fait face à cinq autres candidats, tous jugés proches de son régime. Pour Svetlana Tsikhanovskaïa, cheffe de l'opposition en exil, cela n'évoque rien d'autre qu'une "farce électorale". Selon Pauline Soulier, experte en science politique rattachée à l'Institut Montesquieu de Recherche Politique à l'université de Bordeaux, ces élections sont de véritables "élections de façade".
Depuis son arrivée au pouvoir, Loukachenko a écrasé plusieurs mouvements d'opposition, et selon les ONG de défense des droits humains, plus de 1 200 prisonniers politiques sont actuellement détenus en Biélorussie.
Pauline Soulier déclare : "Loukachenko affirme, en votant, que 'la Biélorussie est une démocratie brutale'. Cette déclaration révèle la réalité éloignée des standards démocratiques européens. Le pays organise des élections sans véritable concurrence. Comment peut-on parler de démocratie quand l'opposition est réprimée et craint pour sa vie ? Il s'agit d'un régime qui ne laisse aucune place à la dissidence, et le terme 'brutal' est tout à fait approprié."
Bien que quatre autres candidats soient présents dans cette élection, tous soutiennent Loukachenko, ce qui rend l'opposition quasi inexistante. Cependant, Pauline précise : "L'opposition populaire continue d'exister, mais de manière clandestine, ayant appris des répressions violentes des années précédentes. La peur d'un retour à la violence est toujours présente, et cela freine l'initiative de mobilisation. Des arrestations de manifestants, de journalistes et d'ONG se poursuivent. Les leaders de l'opposition se trouvent souvent en exil, principalement en Pologne ou en Lituanie. Même si l'opposition est là, son efficacité est limitée par la répression systématique.
Concernant les candidats de l'élection, il s'agit bien encore d'alliés de Loukachenko. Cela témoigne encore une fois d'un simulacre démocratique. Pour qu'il y ait véritable élection, il devrait y avoir de vrais candidats d'opposition, permettant aux citoyens d'avoir un choix significatif. Or, le choix est restreint à des personnes qui sont toutes des proches du pouvoir en place.
Les sanctions imposées à la Biélorussie pourraient-elles inciter le pays à se rapprocher de l'Europe ? En théorie, oui. Les sanctions sont censées pousser le régime à changer de cap. Bien qu'il y ait une augmentation des liens avec la Russie et même la Chine, on espère que la population aspire à un avenir tourné vers l'Occident. Les récents événements en Ukraine, notamment, pourraient jouer un rôle.
Si la Russie subissait une défaite dans ce conflit, cela pourrait ouvrir la porte à de grands changements en Biélorussie, avec une volonté accrue de se tourner vers les valeurs démocratiques européennes. Cependant, tant que Loukachenko sera au pouvoir, il est difficile d'imaginer une telle évolution. Le désir de changement émerge chez le peuple, mais la répression demeure une barrière permanente.