Édito. Trafic de drogue : La montée des discours alarmistes des politiciens face à une crise croissante
2024-11-04
Auteur: Philippe
En quelques jours, la France a été le théâtre de violences dramatiques liées au trafic de drogue dans plusieurs villes, notamment à Rennes, Valence et Poitiers. Des fusillades se sont déroulées en pleine rue, faisant des victimes tragiques : un adolescent de 15 ans a été tué à Poitiers, tandis qu'un autre jeune de 19 ans a succombé à des blessures par arme blanche à Rennes, près d'un point de vente de drogue. À cela s’ajoute un enfant de cinq ans blessé par balles dans la même ville, un drame qui illustre l'ampleur de la violence liée à ce fléau. Dans ce contexte chaotique, les hommes politiques rivalisent de discours alarmistes. Jordan Bardella, président du Rassemblement national, évoque une "barbarie quotidienne", tandis que Karl Olive, député de La République En Marche, propose d'envoyer l'armée dans les quartiers touchés. De son côté, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, ne craint pas d'évoquer le spectre d'une "mexicanisation" de la France, faisant allusion à une domination des cartels de drogues qui pourrait affecter notre économie et les autorités publiques.
Si ces propos forts sont destinés à éveiller l'opinion publique, ils ne doivent pas masquer la réalité de la situation. Bien que la France ne soit pas encore au bord de l'état d'urgence que l'on peut observer au Mexique, la menace du trafic de drogue a considérablement évolué ces derniers mois, touchant désormais des zones rurales et de petites villes. La violence qui semblait cantonnée à des villes comme Marseille, où les morts liés au narcotrafic s'accumulent, s'étend à des localités naguère perçues comme paisibles comme Valence ou Poitiers. Cette situation pourrait engendrer un vrai choc dans l'opinion publique, la convainquant qu'aucun territoire n'est désormais à l'abri des conséquences de cette crise.
Face à cette réalité, Bruno Retailleau a annoncé la mise en place d'un nouveau plan de lutte contre le narcotrafic. Il est essentiel d'agir rapidement pour rassurer les citoyens et restaurer le sentiment de sécurité. Cependant, il est crucial de souligner que les réponses doivent aller au-delà des opérations spectaculaires, souvent qualifiées de "coups de poing". Ce fléau nécessite une mobilisation collective et transpartisane, impliquant les maires et les acteurs locaux qui souffrent de ces problèmes au quotidien. Sans une stratégie durable et collaborative, le temps joue contre la capacité du gouvernement à enrayer cette guerre silencieuse, déjà meurtrière et destructrice.