Procès de maltraitance à la crèche

Le procès de deux ex-employées de la crèche People&Baby s'est ouvert le 23 septembre au tribunal correctionnel de Lille. Elles sont accusées de "violences sans incapacité sur mineur de 15 ans" à l'encontre de plusieurs enfants. Ce procès intervient alors qu'un livre du journaliste Victor Castanet, intitulé Les Ogres, vient de révéler les pratiques inquiétantes au sein de cet établissement.

Témoignage d'une mère plaignante

Zohra*, l'une des mères plaignantes, assiste au procès aux côtés de sept autres familles. Les ex-employées, l'ancienne directrice et une ancienne infirmière de la crèche de Villeneuve-d'Ascq, sont jugées pour des faits de maltraitance sur une période s'étalant de 2019 à 2021. Zohra se souvient avec douleur de cette période : "C'est à partir de l'arrivée d'une nouvelle directrice en 2021 que tout a changé. Les puéricultrices faisaient défaut et celles présentes semblaient débordées."

L'impact sur les enfants

L'une de ses jumeaux, Sofiane (prénom d'emprunt), se transforme en un enfant anxieux. "Il n'y a pas une nuit sans cauchemars. Le matin, c'étaient des crises pour ne pas aller à la crèche, alors que tout se passait bien auparavant." Zohra empêche cependant de lier ces comportements aux incidents survenus dans la crèche, expliquant que "c'est trop difficile de penser du mal de l'endroit où l'on confie son enfant chaque matin."

Découverte inquiétante et plainte

La situation s'aggrave lorsque Zohra et son compagnon, tous deux médecins, découvrent des traces suspectes sur le corps de leur fils en mai 2021 : des bleus et des éraflures sur diverses parties du corps. En faisant part de leurs inquiétudes à la direction de la crèche, leur réaction les choque et les pousse finalement à porter plainte.

Mobilisation des parents

D'autres parents rejoignent Zohra dans sa démarche et signalent également des cas de maltraitance. Au fur et à mesure que l'enquête progresse, neuf enfants sont identifiés comme victimes. En juillet 2022, une autre tragédie éclate à Lyon : une puéricultrice est accusée d'avoir donné du Destop à une fillette, tragédie qui entraîne sa mort. Cet événement déclenche un élan de solidarité parmi les parents à travers la France. Zohra et d'autres mères créent le collectif "Protection Enfance Crèche", en partageant des récits similaires.

Un combat collectif et une prise de conscience

Leur combat devient alors celui d'une lutte contre un système perçu comme destiné à étouffer les plaintes des parents. "Nous avons constaté que notre histoire revenait souvent de manière identique", déclare Zohra, évoquant des menaces de poursuites en diffamation contre ceux qui osent se manifester publiquement. À ses yeux, dénoncer ces abus ne peut se faire que collectivement, une prise de conscience catalysée par la publication du livre de Castanet.

L'appel à la responsabilité et à l'action

"Ça a brisé l'omerta," s'exclame-t-elle, ajoutant que les familles doivent être entendues par les responsables politiques. "Ces paroles incarnent un problème majeur qu'il faut prendre en compte", implore-t-elle avec force.

Réaction de la direction de People&Baby

La direction actuelle de People&Baby, quant à elle, reste discrète et ne souhaite pas commenter le procès. Dans un communiqué, ils montrent une préoccupation sincère vis-à-vis des révélations, affirmant que ces pratiques sont en "décalage total" avec leurs valeurs. Ils annoncent également avoir engagé une transformation profonde avec la mise en place d'audits indépendants pour restaurer la confiance des familles.

Un appel à l'action final

Les mères n'entendent pas se taire et continuent leur combat pour la protection des enfants. Chacune de leurs voix compte dans la lutte pour des établissements d'accueil dignes et sécurisés.