Didier Pineau-Valencienne, une légende de l'industrie française, s'est éteint à 93 ans
2024-12-22
Auteur: Léa
Didier Pineau-Valencienne, une figure emblématique du patronat industriel en France, est décédé le 19 décembre à l'âge de 93 ans, selon l'annonce faite par sa famille. Une messe en son honneur sera célébrée mardi prochain à Boulogne-Billancourt, près de Paris, et il sera inhumé vendredi en Vendée, région d'origine de sa famille.
Né en 1931 dans une famille de médecins en Vendée, Didier a grandi entouré d'une forte culture de l'éducation, ayant d'abord fréquenté le lycée Janson-de-Sailly à Paris. Il poursuit ensuite ses études à HEC Paris avant de compléter sa formation à Dartmouth College aux États-Unis. En parallèle de son parcours académique, il s'intéressait à la poésie, ayant débuté sa carrière chez Gallimard. En 1958, il entre chez Empain-Schneider, une entreprise franco-belge, où il commence à redresser des filiales en difficulté.
En 1981, il prend la présidence de Schneider Electric, où il révolutionne la société en recentrant son activité sur l'électricité, un changement audacieux qui entraîne la vente de nombreuses branches non essentielles, comme la sidérurgie et les chantiers navals. "Du Schneider de 1981, il ne reste plus rien, sauf le nom", affirmait-il avec détermination. Sa gestion est marquée par des événements retentissants, tel que la liquidation de Creusot-Loire en 1984, qui constitue la plus grande faillite de l'industrie française, touchant près de 30 000 employés et lui valant des critiques virulentes.
En 1988, il se heurte à une forte opposition alors qu'il reprend le groupe grenoblois Télé Mécanique et le fusionne avec sa filiale Merlin Gerin, suscitant la colère des employés. Son parcours continue avec une OPA hostile sur l'électricien américain Square D en 1991, renforçant son profil de financier intrépide.
Jean-Pascal Tricoire, l'actuel PDG de Schneider Electric, souligne que Pineau-Valencienne a été le précurseur d'un tournant décisif vers les fusions-acquisitions et le capitalisme moderne. Cependant, cette carrière exaltante connaît un tournant dramatique en 1994, lorsque Didier est inculpé pour des irrégularités présumées dans la gestion de filiales belges, ce qui le conduit à passer 12 jours en détention.
Bien que reconnu coupable lors du procès de l'affaire belge en 2006, il n'a pas été condamné à cause de l'ancienneté des faits. Père de quatre enfants et fervent catholique, Pineau-Valencienne laisse derrière lui un héritage complexe, mêlant succès fulgurants et controverses notables. Sa vie a été un exemple du dynamisme et des défis du monde industriel en constante évolution.