Science

Des "signaux d'alarme" soulevés concernant un ancien monstre marin extrait d'une mine marocaine

2025-01-13

Auteur: Michel

En 2021, une nouvelle espèce de mosasaure, nommée Xenodens calminechari, a émergé dans le paysage scientifique, provoquant une vive curiosité. Les fossiles à l'origine de sa description ont été découverts dans une mine de phosphate à Khouribga, au Maroc, et se distinguent par des caractéristiques notables qui ont captivé les paléontologues. Cependant, une étude récente remet en question l'authenticité de ces fossiles, soulevant de sérieux doutes et un débat éthique sur les pratiques paléontologiques.

Le mystère du Xenodens calminechari

Le Xenodens calminechari a d'abord été décrit grâce à un fragment de mâchoire et quatre dents remarquablement aiguisées. Les mosasaures, ces prédateurs marins redoutables ayant vécu durant l'ère du Crétacé, fascinent par leur diversité et leurs adaptations. Cette nouvelle espèce était censée enrichir notre compréhension de l'évolution de ces créatures maritimes. Cependant, certains détails troublants entourant la disposition de ses dents ont rapidement éveillé la suspicion. Contrairement à toutes les autres espèces connues, où chaque dent est logée dans sa propre alvéole, les dents du Xenodens étaient regroupées de manière anormale, un fait qui n’a pas manqué d’intriguer les chercheurs.

Une enquête approfondie déclenchée

Une étude parue le 16 décembre 2024 dans The Anatomical Record suggère que ces fossiles pourraient ne pas être authentiques. Les scientifiques recommandent l'utilisation de scans CT pour vérifier l'âge et l'authenticité des restes, datés entre 72,1 et 66 millions d'années. L'un des éléments les plus préoccupants évoqués dans cette étude est un « chevauchement médial » observé sur les dents, un indice potentiellement révélateur de falsifications. Dans ce contexte, Henry Sharpe, principal auteur de l'étude et chercheur à l'Université de l'Alberta, a insisté sur la nécessité de clarifier la nature de ces fossiles. De surcroît, le fait que cette découverte provienne d'une mine reconnue pour des pratiques douteuses concernant la véracité des fossiles n’a pas aidé à dissiper les doutes.

Une communauté scientifique sous tension

La controverse a divisé la communauté scientifique. Nick Longrich, paléontologue à l'Université de Bath, auteur de la première étude en 2021, n’a pas encore réagi publiquement aux nouvelles accusations. Pendant ce temps, Henry Sharpe a fait état de son indignation face à la réticence de certains chercheurs à partager des informations supplémentaires concernant ce fossile contesté. Paulina Jiménez-Huidobro, paléontologue à l’Université de Bonn, a également exprimé des réserves, soulignant l’insolite morphologie et la position des dents. De plus, Wahiba Bel Haouz, chercheuse à l’Université Hassan II de Casablanca, a mis en avant un problème plus large : le manque de régulation au Maroc pour protéger le patrimoine fossile contre d'éventuelles manipulations frauduleuses.

L’avenir de la paléontologie en jeu

La affaire du Xenodens calminechari illustre les défis que rencontrent les paléontologues face à des spécimens potentiellement falsifiés. Cette situation souligne un besoin urgent de renforcer les normes scientifiques, ainsi qu'une meilleure protection légale pour sauvegarder notre patrimoine naturel contre l’exploitation illégale. À mesure que l'enquête se poursuit et que de nouvelles révélations pourraient émerger, il est essentiel pour les paléontologues et les amateurs d’histoire préhistorique de rester vigilants face aux découvertes susceptibles d'être moins sensationnelles qu'elles n'y paraissent. Cette situation incite également à une réflexion éthique sur les méthodes de découverte et de préservation des fossiles dans le monde entier.