Des bourdons en meilleure santé grâce aux prairies anciennes : Découvrez les révélations d'une étude toulousaine!
2025-01-13
Auteur: Julie
Au mois de mai dernier, alors que la floraison battait son plein, une équipe de chercheurs du Centre de recherche sur la biodiversité et l’environnement (CRBE) et du Centre de recherches sur la cognition animale de l'Université Paul Sabatier de Toulouse III a mis en place des colonies expérimentales de 30 bourdons terrestres (Bombus terrestris) dans diverses prairies de fauche allant de jeunes prairies d'environ 20 ans à des prairies presque centenaires. Ces sites d'étude sont situés dans les vallées et coteaux de Gascogne, de Cox, au nord-ouest de Toulouse, jusqu'à Saint-Thomas et Bonrepos-sur-Aussonnelle, au sud-ouest.
L'étude, dirigée par le renommé enseignant-chercheur André Pornon, a récemment été publiée dans la revue spécialisée Functional Ecology. L’objectif des chercheurs était d’analyser comment l'environnement affecte la santé et le microbiote des pollinisateurs.
Une découverte majeure de l'étude est que les bourdons vivent significativement plus longtemps dans les prairies anciennes. D'après les résultats, les bourdons des prairies séculaires avaient des ressources florales plus abondantes et diversifiées, ce qui favorise non seulement leur longévité, mais aussi le développement d’un plus grand nombre d’ouvrières. Les chercheurs ont constaté que le taux de survie des bourdons était nettement plus élevé dans les milieux anciens. La recherche a également examiné la masse et les réserves en graisse des bourdons, des critères cruciaux pour leur survie durant les périodes pluvieuses et froides.
Une autre constatation essentielle est la forte corrélation entre la diversité florale et celle du microbiote intestinal des bourdons. Joël White, enseignant-chercheur au CRBE, a noté que la diversité des espèces bactériennes dans l'intestin des bourdons augmentait en parallèle avec la diversité florale des anciennes prairies. Au contraire, dans les prairies récentes, une perte de diversité bactérienne essentielle à la santé des bourdons a été observée. "Cela indique une dégradation de l'environnement qui impacte la chaîne alimentaire globale", soutient White.
Nathalie Escaravage, également impliquée dans l'étude, souligne que ces résultats pour les bourdons peuvent être extrapolés à l'ensemble des insectes pollinisateurs. "La préservation de ces anciennes prairies est essentielle, car elles non seulement soutiennent les bourdons, mais l’ensemble des pollinisateurs sauvages qui sont vitaux pour notre écosystème", affirme-t-elle.
Cette étude met en lumière l'importance cruciale des vieilles prairies pour la santé des pollinisateurs tout en tirant la sonnette d’alarme sur leur disparition progressive. "Nous avons là un nouvel argument fort pour la conservation de ces milieux, qui sont malheureusement souvent perçus comme inutiles. La sauvegarde des rares prairies anciennes encore existantes est d'une urgence absolue", avertit André Pornon. Avec une perte de biodiversité irréversible sur le long terme, des efforts immédiats sont critiques : "Après un siècle de développement floristique dans ces espaces préservés, il est impératif d'agir avant qu'il ne soit trop tard pour les pollinisateurs et l'équilibre de toute la chaîne alimentaire. Toute déstructuration entraînerait des conséquences désastreuses et irréparables", conclut Joël White.