« Nous avons huit enfants, et tout va très bien, merci. » En avril 1982, Madame Figaro avait fait le voyage jusqu'à Pointe-à-Pitre, en Guadeloupe, pour rencontrer la famille Hugodot. Philippe, aujourd'hui âgé de 79 ans, se remémore ce moment : « Il y avait quatre journalistes avec nous. Nous les avons même invités à bord de notre voilier. »

Cette rencontre n'était pas banale : la famille était devenue célèbre grâce à la publication de leur livre « Enfants rois, parents martyrs » aux éditions Mercure de France. Dans cet ouvrage, ils plaidaient pour une éducation structurée, ferme mais joyeuse, soulignant l'importance d'un cadre solide dans une maison où cohabitaient dix personnes. Philippe déclare sans ambages : « Aujourd'hui, nous supprimerions sûrement le chapitre sur la fessée. Mais pour le reste, je ne changerais rien. » Son épouse acquiesce à ses côtés, la complicité entre eux toujours aussi palpable.

Quarante-trois ans plus tard, suite à notre appel à témoins concernant le rôle des grands-parents dans l'éducation des petits-enfants, nous avons décidé de les rencontrer à nouveau. Cette fois, c'était dans leur petit appartement parisien, près de la station Alésia. En tant que grands-parents de sept petits-enfants, ils partagent leurs réflexions sur la transmission de valeurs dans un monde où l'éducation a considérablement évolué.

« Nos enfants, maintenant parents, n'ont pas toujours emprunté les mêmes chemins éducatifs que nous. Cela peut parfois créer des tensions, mais aussi des richesses d'échanges, » explique Philippe. Son épouse complète, amusée : « Nous essayons d'apporter notre sagesse tout en respectant leur manière de faire. » Ils évoquent souvent des discussions autour du respect des choix parentaux, mais aussi des nouvelles façons de communiquer avec les plus jeunes.

Aujourd'hui, les grands-parents jonglent entre leurs expériences d'éducation traditionnelle et les nouvelles méthodes parfois plus permissives de leurs enfants. Ils s'inquiètent aussi des effets des nouvelles technologies sur l'éducation et les relations familiales. Philippe s'inquiète : « L'écran prend une place que nous n'avions pas connue, et il faut en discuter pour préserver nos liens. »

Le couple Hugodot, toujours aussi uni, témoigne de l’importance de l’engagement familial, en soulignant que chaque génération apprend des précédentes, tout en faisant face à des défis contemporains. L’amour et le soutien restent les bases inébranlables de leur approche éducative.