Santé

De l'acide folique dans la farine : une stratégie douteuse pour protéger les grossesses ?

2024-12-24

Auteur: Louis

La farine que nous consommons quotidiennement pourrait bientôt contenir de l'acide folique, également connu sous le nom de vitamine B9, selon une recommandation récente de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses). Dans un avis publié le 19 décembre, l’Anses a suggéré cet enrichissement pour aider à prévenir les fausses couches et malformations congénitales graves, notamment les anomalies de fermeture du tube neural, affectant près d'une grossesse sur mille en France.

Ce n'est pas la première fois que l'Anses évoque cette mesure. En effet, une recommandation similaire avait été adressée au Ministère de la Santé en janvier 2003, mais n’avait pas été mise en œuvre. Le Professeur Sébastien Czernichow, un expert en nutrition à l’Université Paris-Cité, souligne que bien que cela puisse sembler bénéfique, il existe des arguments contradictoires concernant cette approche.

Les chiffres de l’Anses montrent que les facteurs de risque pour les anomalies de fermeture du tube neural incluent des antécédents familiaux, certains médicaments, le diabète, l’obésité, et surtout un apport insuffisant en folates chez les femmes enceintes. Il est recommandé qu'une femme prenne 600 microgrammes de vitamine B9 par jour au moins un mois avant la conception et jusqu’à douze semaines de grossesse. Ce besoin reste alarmant, car des études montrent que moins d'un tiers des femmes suivent ces recommandations.

L’enquête nationale périnatale de 2021 a révélé une proportion encore plus faible parmi les catégories sociales défavorisées. Cela soulève la question de l'équité en matière de santé et de la nécessité d'une intervention proactive.

Pour convaincre la population, l’Anses propose son plan d’enrichissement, estimant que cela pourrait compenser les carences existantes, notamment pour les femmes qui n’ont pas la chance d'être éduquées sur l'importance de cette vitaminisation.

Ce type d’enrichissement a déjà été testé avec succès aux États-Unis depuis 1998, entraînant une réduction significative des anomalies du tube neural de 35%. Pourtant, une question demeure : ce programme d’enrichissement généralisé peut-il causer des effets secondaires chez certaines populations vulnérables ?

Les experts, comme le professeur Czernichow, mettent en garde les femmes de procréer contre une éventuelle surconsommation d'acide folique, qui pourrait masquer les signes de carence en vitamine B12, entraînant des complications neurologiques graves. Une telle mesure pourrait-il créer plus de problèmes qu’elle ne résout ? Il est donc crucial que chaque individu soit bien informé des apports nutritionnels nécessaires.

Les bénéfices potentiels d'un supplément d'acide folique ne doivent pas occulter ces risques. La prévention des malformations congénitales est essentielle, mais le défi consiste à le faire d'une manière qui maintienne la santé de l'ensemble de la population. Restez informés et vigilants, car la santé de votre futur enfant pourrait en dépendre.