Santé

De la psychiatrie à la santé mentale : déstigmatiser les malades ou euphémiser la maladie ?

2024-11-07

Auteur: Marie

Qui pourrait être contre cette évolution ? La « santé mentale » est devenue, ces dernières semaines, un enjeu incontournable sur l’agenda politique de tous les ministères du nouveau gouvernement, notamment ceux de la santé, du travail, de l’éducation et du logement.

Lors d’une déclaration forte, le Premier ministre, Michel Barnier, a qualifié la santé mentale de « sujet majeur » lors de sa visite dans la Vienne le 10 octobre. Il a annoncé que la santé mentale sera la « grande cause nationale » de l'année 2025. Cela marque une étape importante dans la reconnaissance des enjeux liés à la santé mentale.

Cependant, cette mise en avant de la santé mentale soulève des interrogations dans les cercles psychiatriques. En effet, en braquant les projecteurs sur ce nouveau terme, n'existe-t-il pas un risque d'effacer la psychiatrie traditionnelle, ses institutions et ses patients ?

Ce débat sémantique, qui remonte aux années 1960, n'est pas sans conséquences. À l'époque, le terme de santé mentale est introduit pour remplacer celui de psychiatrie, souvent associé à une époque et un cadre institutionnel stigmatisants. Le but initial était de réintégrer les malades dans la société, une volonté énoncée par les psychiatres eux-mêmes. Dans les années 1980, la transition vers des établissements de santé mentale a été amorcée pour remplacer les hôpitaux psychiatriques, un changement majeur dans la prise en charge des patients.

La santé mentale, désormais définie par l’Organisation mondiale de la santé comme un état de bien-être global, va au-delà de la maladie. Elle inclut des dimensions variées, permettant aux individus de réaliser leur potentiel et de surmonter les défis de la vie quotidienne. Néanmoins, ce concept élargi contribue à une certaine confusion, rendant difficile la distinction entre les troubles graves et les problématiques relationnelles ou émotionnelles plus légères.

Aujourd’hui, l’expression de « mauvaise santé mentale » peut désigner aussi bien des troubles comme l'anxiété ou l'insomnie que des maladies plus graves comme la schizophrénie ou le trouble bipolaire. Cette large définition englobe également des problématiques émergentes, telles que l’épuisement professionnel ou le mal-être des adolescents, ce qui a conduit des études à estimer qu'entre 1 personne sur 3 et 1 sur 5 est affectée par des troubles mentaux au cours de sa vie.

Face à cette montée des préoccupations liées à la santé mentale, il est crucial d'agir. La stigmatisation reste un obstacle majeur, éloignant les personnes de l'accès à des soins adaptés. Pour alléger ce poids, des campagnes de sensibilisation et d’information sont indispensables. Alors, déstigmatiser la maladie est vital pour favoriser un dialogue ouvert et constructif autour des enjeux de la santé mentale. La société doit reconnaître que les troubles mentaux ne sont pas une honte mais une réalité à prendre en compte.