Récemment, Danone a pris la décision surprenante de retirer le Nutri-score de ses emballages de yaourts à boire, en réaction aux nouveaux critères jugés plus sévères de cet indicateur nutritionnel. Mais cette stratégie est-elle cohérente avec l'image de marque de Danone, qui se positionne comme un acteur majeur du bien-être alimentaire ? Les consommateurs apprécieront-ils ce changement ?

À partir du 1er janvier 2024, un nouvel algorithme pour le Nutri-score sera en vigueur en France, avec des décrets d'application attendus pour 2025. Les entreprises alimentaires ont jusqu'à fin 2026 pour adapter leur étiquetage conformément à ces nouvelles normes. Dans ce contexte, Danone, aux côtés d'autres marques comme Bjorg et Krisprolls, a décidé de faire disparaître le Nutri-score de ses boissons lactées et végétales, comprenant des produits populaires tels qu'Actimel, Danonino, Alpro, Danone et Activia.

Cette décision étonne, car Danone a longtemps souligné son engagement envers la santé des consommateurs depuis le lancement de son plan « Renew Danone » en 2022. Carla Hilhorst, responsable de l'innovation du groupe, a récemment déclaré que la santé par l'alimentation revêtait une importance accrue. La société souhaite évoluer et revendiquer son rôle au-delà du simple domaine des yaourts, se positionnant comme un promoteur de la santé intestinale.

Des avancées significatives ont également été annoncées, notamment un engagement à ce qu'à la fin de 2025, tous les produits du groupe contiennent moins de 10% de sucre. Toutefois, la rationalité de retirer le Nutri-score se justifie par l'impact significatif du nouvel algorithme sur la classification des boissons : seule l'eau obtiendra une note A, le lait B, et les produits laitiers avec sucre seront mal notés.

Cette situation crée un paradoxe pour Danone : contrer une législation de santé publique tout en cherchant à apparaître comme un leader responsable. Les experts soulignent que le Nutri-score influence de manière notable les choix alimentaires des consommateurs. En effet, une récente étude a révélé que 43% des adultes français pourraient changer leurs habitudes alimentaires durablement grâce à cet étiquetage.

La décision de Danone sera-t-elle perçue comme un abandon des normes de qualité ou comme une tentative de naviguer dans un cadre réglementaire de plus en plus restrictif ? De plus, de nombreuses associations de consommateurs, telles que FoodWatch et UFC-Que Choisir, s'opposent vivement à ce retrait, arguant que cela envoie un message négatif au marché. Les préoccupations de Danone concernant une possible dégradation de la notation de ses produits soulèvent des questions sur l'équilibre entre la gestion des risques et la qualité nutritionnelle.

Alors que le débat sur le Nutri-score se poursuit, il est clair que cette situation reflète les défis auxquels font face les entreprises agroalimentaires dans un contexte de sensibilisation croissante aux enjeux nutritionnels. Le cas Danone souligne l'importance cruciale de la transparence et de la confiance entre les marques et les consommateurs dans le domaine de l'alimentation. Le Nutri-score est-il un simple label, ou représente-t-il un levier puissant pour promouvoir un changement de comportement alimentaire chez les consommateurs ? Ce développement ne fait que renforcer le besoin de dialogues et de réflexions autour des normes nutritionnelles et de la liberté d'action des entreprises.