Crise immobilière à Rennes : des prix exorbitants et des chantiers à l'arrêt
2024-12-21
Auteur: Philippe
Rennes, considérée comme l'une des métropoles les plus attractives de France, subit aujourd'hui de plein fouet une crise immobilière qui laisse entrevoir des conséquences durables sur sa population. Quels mécanismes ont mené à cette situation alarmante ? L'un des motifs principaux est de nature macroéconomique, mais il existe d'autres facteurs à considérer. La conjoncture actuelle et les tensions sur le marché s'avèrent être un cocktail explosif pour les habitants de la ville.
Un parcours résidentiel entravé
Les Rennais sont les premiers à souffrir des effets de ce désastre immobilier. Alors que la ville se prépare à accueillir 100 000 nouveaux habitants d'ici 2050, selon les projections de l'Insee, les efforts de construction semblent insuffisants. En effet, le Plan Local de l'Habitat (PLH) 2023-2028 envisage la création de 5 000 logements annuels, mais les chiffres de cette année pointent vers une stagnation inquiétante. Honoré Puil, vice-président de la Métropole en charge du logement, s’inquiète : « En 2023, nous frôlons les 5 000 logements, mais la situation pour 2024 est loin d'être satisfaisante. »
Cette pause dans la construction a des répercussions directes sur le marché locatif, aggravant la crise du logement pour les familles cherchant à s'installer ou à grandir à Rennes. Depuis 2021, la moitié des ventes de logements collectifs à Rennes relèvent du segment haut de gamme, rendant l'accession à la propriété toujours plus difficile pour les classes moyennes.
Des espaces vides au cœur de la ville
La crise de la construction se traduit également par une augmentation des « dents creuses », ces terrains non bâtis qui parsèment la ville, vestiges d'anciens projets avortés. Beaucoup de chantiers sont arrêtés, les permis de construire sont annulés, laissant des familles en attente alors que les entreprises abandonnent leurs projets. Des dizaines de constructions prévues ne se réaliseront peut-être jamais.
La politique et l’économie : une tempête parfaite
Sur le plan politique, l'instabilité contribue également à ce climat incertain. Les professionnels de l'immobilier commencent à soulever un léger espoir, bien que cela semble précaire. Thomas L’Ollivier, président de la chambre des Notaires d'Ille-et-Vilaine, indique : « Bien que nous ne retournerons pas aux taux d’intérêt d’avant, nous apercevons quelques légères baisses. » En effet, une baisse de 4,9 % des prix sur les appartements anciens à Rennes est enregistrée, mais est-ce suffisant pour relancer le marché ?
Du côté des promoteurs, le doute persiste. Nolwenn Lam Kermarrec, co-présidente du groupe immobilier Kermarrec, fait le constat que les mesures gouvernementales de soutien au secteur immobilier n'ont pas encore porté leurs fruits. Les initiatives comme la prolongation du Prêt à Taux Zéro (PTZ) jusqu'en 2027 ou l'élargissement du bail réel solidaire sont de bonnes intentions, mais la réalité du marché semble encore éloignée de ces promesses.
Les conséquences sur la population
Dans cette situation tendue, les étudiants, jeunes actifs, et même des familles peinent à trouver un logement abordable. Avec près de 70 000 étudiants dans la métropole, la demande locative dépasse largement l’offre, rendant la vie à Rennes de plus en plus difficile. La crise du logement pourrait avoir des effets délétères sur la vitalité économique de la ville, incitant même certains à quitter la région.
Rennes se trouve donc à un carrefour délicat : la nécessité d'une approche proactive face à cette crise est impérative pour éviter une fracture sociale croissante entre les différentes couches de la population.