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"Coup de massue" : la colère des producteurs de lait après la décision brutale de Lactalis

2024-09-27

Les producteurs de lait français sont sous le choc depuis l'annonce de Lactalis mercredi soir. Le géant laitier, qui est le premier du monde et un client essentiel pour de nombreux agriculteurs, a décidé de réduire progressivement les volumes de lait collectés pour se recentrer sur les produits de consommation courante en France. À partir de fin 2024, Lactalis prévoit une baisse de 450 millions de litres dans sa collecte annuelle, une annonce qualifiée de "déflagration" par Arnaud Rousseau, le président de la FNSEA.

Les agriculteurs, déjà confrontés à une crise laitière et à des prix de vente jugés trop bas, expriment leur colère. En Haute-Saône, cette décision a été ressentie comme un "coup de tonnerre" par les producteurs. Yohan Barbe, agriculteur et président de la Fédération Nationale des producteurs de lait, souligne l'incompréhension entourant cette décision : "On entend toujours que la France ne sera plus autonome en lait, qu'il y a de moins en moins d'agriculteurs, mais en parallèle, Lactalis réduit la collecte!".

La rapidité de cette décision a agacé plusieurs responsables, notamment Yohann Serreau de l'Union nationale des éleveurs-livreurs Lactalis (Unell), qui dénonce un manque flagrant de négociations. Alors que cette réduction affectera d'abord l'Est de la France, elle pourrait toucher plus de 700 éleveurs à long terme. Le témoignage de Germain Blaise, un éleveur vosgien, en dit long : "Si je perds ma production laitière, c'est 80 % de mon chiffre d'affaires qui disparaît".

Les éleveurs comme Antoine Di Santantonio, qui produit 6 000 litres de lait par jour, risquent de se retrouver dans une situation financière délicate après avoir investi massivement pour moderniser leurs exploitations. La colère monte également face à la perception que Lactalis ne respecte pas la valeur des producteurs, se demandant s'ils ne sont que des "numéros" dans un système déshumanisé.

Les producteurs tentent déjà de trouver des alternatives face à cette situation. Nicolas Mauffrey, vice-président de l'APPLAGE en Haute-Saône, insiste : "Si nous n'avons pas de nouveau collecteur, c'est toute une économie locale qui risque de s'effondrer". Cependant, le temps presse et le changement de collecteur ne se fait pas sans complications. La solidarité se manifeste également parmi les consommateurs, certains appelant à boycotter les produits Lactalis pour soutenir les agriculteurs.

Dans cette tourmente, la profession s'organise. Des réunions sont programmées pour rencontrer d'autres transformateurs et chercher des solutions immédiates. La détermination des producteurs montre qu'ils ne se laisseront pas abattre et qu'ils sont prêts à mobiliser le soutien des consommateurs pour protéger leurs moyens de subsistance.