Divertissement

Constance, humoriste et bipolaire : "J'ai longtemps cru que c'était de la faiblesse"

2024-09-25

"Je souhaite délivrer un message positif sur la bipolarité", déclare Constance, humoriste bien connue en France. "Oui, c'est une maladie difficile, mais il est possible d'en vivre. En effet, la bipolarité concerne un million de personnes dans notre pays, et la vie peut être épanouissante lorsque l'on est stabilisé."

Constance partage son expérience personnelle, expliquant qu'au début, elle ne réalisait même pas qu'elle était atteinte de bipolarité. "Je me considérais juste comme 'fatiguée'.", dit-elle. "C'est ce qu'on appelle un burn-out : on a l'impression d'être ultra-efficace jusqu'à ce que l'on s'effondre. Je me répétais sans cesse que je n'avais même pas le temps de faire une lessive, ce qui peut sembler anodin, mais c'est une véritable spirale négative."

Elle souligne un malentendu courant autour de sa profession : "Le public pense souvent qu'un travail dans le divertissement ne consiste qu'à s'amuser. En réalité, c'est un travail acharné qui demande un engagement total. Tant que l'on refuse de reconnaître qu'il s'agit d'un burn-out ou d'une dépression, on reste dans le déni. Pendant des années, j'ai cru que c'était de la faiblesse. Des médecins généralistes m'ont même dit que j'étais juste fatiguée et qu'il suffisait de faire du yoga pour me sentir mieux. Mais ce n'est pas si simple. Une amie qui souffrait de dépression m'a ouvert les yeux : elle m'a expliqué l'importance des médicaments pour éviter des conséquences graves. J'avais toujours pensé que les médicaments étaient une forme de faiblesse. En réalité, ils sont essentiels à notre bien-être."

Constance rappelle la douleur invalidante qu'elle a subie en raison de sa dépression : "C'est une expérience dévastatrice, tant sur le plan physique que mental. J'ai déjà vécu des souffrances atroces, et la dépression est peut-être la plus terrible d'entre elles. J'ai été dure envers ma mère, qui souffrait de dépression depuis des années, en lui disant de 'se secouer'. C'est sournois, car ceux qui n'ont jamais vécu cette épreuve ne peuvent pas saisir l'ampleur de la douleur. La dépression peut être aussi tangible que si l'on avait été frappé par une barre de fer. On se sent paralysé, comme si on avait perdu la volonté de vivre."

Elle témoigne également de ses tentatives de suicide : "J'en ai fait quatre, et j'en parle parce que le suicide n'est pas un acte de lâcheté ni d'égoïsme, mais un véritable symptôme de la souffrance. La stigmatisation autour des tentatives de suicide est destructrice. Pourquoi devrions-nous avoir honte de cela ? Si quelqu'un a un cancer, dirait-on qu'il doit cesser de faire du chantage émotionnel aux autres ? Il est crucial de déconstruire cette honte et d'ouvrir un dialogue honnête sur la santé mentale."

Constance incarne une véritable voix pour ceux qui luttent avec des maladies mentales et rappelle à tous que l'acceptation, le soutien et la compréhension sont essentiels dans ce chemin difficile. Chaque pas vers la guérison, aussi petit soit-il, mérite d'être célébré.