C'est un tournant historique pour le réseau de bus en petite couronne parisienne. À l'issue d'un conseil d'administration tenu hier, Île-de-France Mobilités a officiellement lancé la mise en concurrence des bus, avec l'attribution des trois premiers lots parmi les treize prévus. Les lauréats sont Keolis, une filiale de la SNCF, et RATP Cap IDF, une entité créée par l'opérateur historique spécifiquement pour s'adapter à cette libéralisation. Les nouvelles lignes commenceront à être mises en service dès 2025, ce qui marque un bouleversement dans ce secteur autrefois dominé par la RATP.

Les lignes concernées incluent celles des territoires de Marne et Brie, qui couvriront les départements de Seine-Saint-Denis, Val-de-Marne et Seine-et-Marne, tandis que d'autres lignes des communes de Boucles Nord de Seine et Bords de Marne entreront en service dès le 1er novembre 2023.

Cette offensive pour la concurrence arrive alors que des salariés de la RATP se mobilisent pour protester contre la perte de leur monopole. Ils dénoncent également le manque de protections suffisantes pour les employés qui seront transférés vers les nouveaux opérateurs. Vincent Gautheron, un responsable de la CGT RATP, souligne que les protections promises ne concernent qu'une partie des personnels, excluant les chefs de bus et les équipes de maintenance.

En réponse à ces craintes, un porte-parole d'Île-de-France Mobilités a affirmé que le service public sera maintenu et que les conditions de travail, ainsi que les garanties salariales durant la période de transition, seraient respectées. Toutefois, l'incertitude règne quant au futur des rémunérations après le premier an, suscitant des inquiétudes parmi les employés qui craignent des réductions de salaires ou des changements défavorables dans leurs conditions de travail.

Le projet suscite également des questions sur le rôle futur du Centre de régulation et d'information voyageurs de la RATP. Le centre, situé à Romainville, pourrait évoluer vers un modèle multi-opérateurs, ce qui soulève des préoccupations vis-à-vis des postes et des conditions de travail actuelles des agents.

Cette rénovation du réseau de bus dans le Grand Paris est un choix stratégique non seulement pour améliorer le service aux usagers, mais également pour répondre à une demande croissante de mobilité dans la région. Les grands projets de transports en commun, comme le Grand Paris Express, viennent renforcer cette dynamique. Toutefois, les résistances internes et les craintes des employés soulignent la difficulté de cette transition. Alors que l'ouverture à la concurrence se profile, il est essentiel de garantir un dialogue constructif afin d'assurer un service public de qualité tout en préservant les droits des travailleurs.