
Conflit en Ukraine : Pourquoi Donald Trump se montre-t-il si clément envers Vladimir Poutine ?
2025-03-15
Auteur: Jean
Le discours de Donald Trump sur la guerre en Ukraine suscite de vives interrogations. En février dernier, face à la presse, il attribue la responsabilité des hostilités à l'Ukraine, affirmant : "Vous n'auriez jamais dû commencer cette guerre". Pourtant, c'est l'invasion russe en 2022 qui a déclenché le conflit. Il a également qualifié Volodymyr Zelensky, président ukrainien, de "dictateur sans élections". Une déclaration qui laisse perplexe, si l'on considère que Poutine est lui-même un autocrate. Lors d'une rencontre ultérieure à la Maison Blanche, Trump a habilement évité de répondre directement à cette question brûlante, déclarant : "Je n'utilise pas ces mots à la légère. Nous allons voir comment tout cela va se passer."
Cette prise de position marque un tournant significatif après des années de soutien désambiguïsé de Washington envers l'Ukraine face à l'agression russe. Depuis son retour au pouvoir, Trump a renoué le contact avec Poutine, engagé une conversation âpre avec Zelensky, et envisagé un court arrêt de l'aide militaire à l'Ukraine, avant de proposer une trêve que Kiev a acceptée. Le 14 mars, Trump s'est exprimé sur ses "discussions très positives" avec le président russe, alors que ce dernier avait proposé un cessez-le-feu de 30 jours, accompagné de "questions importantes" à résoudre.
Les raisons derrière cette conciliation semblent multiples, mêlant intérêts politiques et économiques. En campagne, Trump avait promis de mettre fin à la guerre en Ukraine "en 24 heures", sans élaborer sur les moyens. Ce conflit est considéré par lui comme "inutile et coûteux" pour les États-Unis, selon des experts comme Sasha de Vogel.
Trump a également relayé une information erronée affirmant que les États-Unis auraient déboursé 350 milliards de dollars en aide à l'Ukraine, tandis qu'en réalité, l'aide s'élève à environ 114 milliards d'euros, selon l'Ukraine Support Tracker.
"Il aspire à être celui qui met un terme à cette guerre, recherchant une forme de succès personnel", souligne de Vogel. De plus, des perspectives économiques allant au-delà des hostilités s'esquissent, notamment lors de récentes rencontres du côté américain où des discussions sur de possibles partenariats énergétiques en Arctique ont été évoquées.
La fascination de Trump pour le pouvoir autoritaire, incarné par Poutine, est manifeste. De plus, des analystes jugent que cette dynamique pourrait être employée pour déstabiliser davantage le lien entre la Russie et la Chine, des acteurs géopolitiques majeurs. Les intérêts en jeu vont donc bien au-delà d'une simple paix en Ukraine.
Cependant, ce rapprochement et cette attitude conciliante ne peuvent occulter les violations des droits de l'homme en Russie, les crimes de guerre en Ukraine, ni le mépris de Poutine envers les principes démocratiques. Le contraste entre la rhétorique de Trump et les réalités sur le terrain interpelle.
Selon Régis Genté, qui a étudié les relations entre Trump et Poutine, cette simple approbation peut être interprétée comme une admiration pour un modèle de pouvoir où le leader a un contrôle absolu, sans avoir à subir le jugement populaire. Cela dénote d'une volonté de Trump d'imiter ces pratiques dans sa propre gestion politique. Ce phénomène de "poutinisation" pourrait avoir des répercussions profondes sur la politique américaine.
Les convergences idéologiques entre Trump et Poutine illustrent une tendance inquiétante, où l'ultra-conservatisme s'intensifie des deux côtés. En faisant appel à une vision traditionnelle, ils aspirent tous deux à renforcer leur emprise sur leur pays.
Les implications de cette dynamique pourraient se révéler problématiques, en exacerbant les tensions entre les États-Unis et le reste du monde, tout en alimentant une influence étrangère préoccupante sur la politique intérieure américaine.