Les promesses de l'installation des compteurs Linky étaient séduisantes à souhait : mieux maîtriser sa consommation d'énergie, bénéficier de factures allégées et faciliter la transition énergétique. Cependant, six ans après le démarrage de ce déploiement controversé, un rapport de la Cour des comptes dresse un bilan alarmant qui a de quoi faire froid dans le dos des consommateurs.

Un investissement colossal aux frais des consommateurs

Le déploiement des compteurs Linky a nécessité un investissement faramineux de 5,7 milliards d'euros. Cette somme astronomique n'a pas été supportée par Enedis, mais a été directement répercutée sur les consommateurs à travers le tarif d’utilisation des réseaux publics d'électricité (TURPE), représentant près d'un tiers de leur facture totale d'électricité.

En moyenne, chaque coût d'installation s'élève à 130 euros par foyer. Un coût qui, selon les promesses initialement formulées, devait être amorti par les économies réalisées grâce aux nouvelles fonctionnalités du compteur intelligent. Hélas, la réalité est bien différente, et les consommateurs peinent à observer le moindre bénéfice.

Des économies d'énergie presque nulles

Le constat est accablant : les économies d'énergie obtenues grâce aux compteurs Linky n'atteignent qu'un modeste 1 % en moyenne. Ce chiffre dérisoire est un contraste frappant avec les engagements d'Enedis, qui avait promis aux Français un suivi optimisé de leur consommation.

Danielle Rouault, retraitée, exprime sa frustration : « Je ne comprends pas comment cela pourrait me faire économiser, un appareil qui consomme 2 kWh continuera à consommer la même chose avec Linky ou un autre compteur ». Elle n’est pas seule dans ce sentiment, de nombreux Français avouent ne pas savoir comment exploiter pleinement les fonctionnalités avancées du compteur, en grande partie à cause d'un manque d'informations claires et d'une interface utilisateur peu intuitive.

Enedis : un vrai bénéficiaire dans cette affaire

Alors que les usagers doutent de la rentabilité de leur investissement, Enedis, elle, se frotte les mains. L'entreprise réalise d'importantes économies en supprimant les relevés physiques et en réduisant les coûts de maintenance, des gains estimés à plusieurs centaines de millions d’euros chaque année. Mais ces économies ne se traduisent pas par une baisse des factures pour les utilisateurs.

Obsolescence programmée et impact environnemental

La situation se complexifie encore avec la faible durée de vie des compteurs Linky, qui ne s'étend qu'à 15 ou 20 ans, contre 60 ans pour les anciens modèles électromécaniques. Cette obsolescence programmée créée un besoin de renouvellement fréquent, entraînant des coûts supplémentaires pour les consommateurs et soulevant des questions sur l'impact environnemental du projet.

Le déploiement de ces compteurs a également engendré une grande quantité de déchets, incluant des composants toxiques nécessitant un traitement spécialisé. La fabrication des nouveaux compteurs a nécessité d'importantes ressources, notamment des métaux rares, ajoutant une pression supplémentaire sur l'environnement.

Un bilan contrasté

Malgré ces nombreux points critiques, le rapport de la Cour des comptes souligne quelques avantages notables : une réduction des fraudes, une diminution des erreurs de facturation et la possibilité d'effectuer certaines opérations à distance. Cependant, ces bénéfices semblent bien légers face à l'énorme investissement consenti par les consommateurs.

En résumé, le déploiement des compteurs Linky, qui a coûté 5,7 milliards d’euros, n’a permis d’atteindre qu’un ridicule 1 % d'économies d'énergie. Pendant ce temps, Enedis profite d’économies substantielles sans répercuter ces gains sur les factures, laissant un goût amer aux utilisateurs.