
« Comme tous les juifs de France, je vis avec une peur qui ne me quitte plus » : le discours émouvant d'Arthur à l'Élysée
2025-04-03
Auteur: Emma
Loin de l'ambiance joviale de ses émissions sur TF1, comme « Vendredi tout est permis » ou « Les Touristes », Arthur, de son vrai nom Jacques Essebag, a vécu la tragédie du 7 octobre 2023 comme une déchirure qui l'a poussé à s'exprimer publiquement sur les réseaux sociaux et dans les médias. Il a d'abord condamné le « silence » qu'il ressentait au sein du milieu artistique, puis a critiqué l'indécision de l'extrême gauche face à la montée de l'antisémitisme. Ce mercredi, lors de la cérémonie de remise du Prix Jean Pierre-Bloch de la LICRA au palais de l'Élysée, il a réitéré ses inquiétudes.
« Je suis là devant vous et au lieu d’être heureux, je ressens un profond malaise. En France, en 2025, recevoir une récompense pour avoir déclaré que l’antisémitisme est inacceptable est une situation désolante », a-t-il déclaré, recevant cette distinction honorant son engagement contre l'antisémitisme. Ce prix évoque l'esprit humaniste de Jean Pierre-Bloch, ancien résistant et député, figure emblématique de la LICRA et décédé en 1999.
L'inquiétude grandissante d'Arthur
« Depuis le 7 octobre, je me suis exprimé. Avec force, parfois maladroitement, souvent avec colère, mais toujours pour rester debout, pour ne pas perdre la raison. Comme tous les juifs de France, je vis dans la peur, pas une peur abstraite, mais une peur intime qui me réveille la nuit. Une peur que l'on n'ose avouer même à ses proches », a-t-il continué, mentionnant l'agression du rabbin Arié Engelberg à Orléans et le fait que ses propres parents se sentent obligés de changer leur nom lors de la commande d'un taxi.
Arthur a également déploré le manque d'engagement de certaines « grandes voix » qu'il n'a pas nommées, évoquant des « amis d’hier si silencieux, ou pire tièdes, ambigus ». Alors qu'il vit sous protection rapprochée, il a interpellé le président Emmanuel Macron :
« Pendant que la République hésite parfois, la haine avance, elle s'installe. »
Dans son appel à l'action, il a poursuivi : « Monsieur le Président, je ne vous demande pas de ressentir nos peurs, mais de défendre notre place. Tenez la ligne pour que l'histoire ne se répète pas. Cela commence toujours par les juifs, puis cela déborde, cela engloutit et emporte tout. »
L'angoisse d'Arthur révèle l'état d'esprit actuel d'une partie de la population juive en France, qui se sent de plus en plus menacée. Ce discours poignant n'est pas seulement un cri du cœur, mais aussi une alerte sur une dynamique sociale et politique alarmante qui nécessite une attention urgente de la part de tous.