Colère des agriculteurs : l'accord UE-Mercosur pourrait-il déclencher une révolte agricole massive ?
2024-11-12
Auteur: Jean
Moins d'un an après un mouvement historique, l'alliance majoritaire en France, FNSEA-JA, a lancé un appel à des actions nationales dès la fin des semis d'hiver, à partir de la mi-novembre, coïncidant avec le G20 au Brésil prévu pour la semaine du 18 novembre.
La Coordination rurale, deuxième syndicat agricole du pays, dont la visibilité a crû grâce à des actions de grande envergure l'an dernier, annonce une "révolte agricole" à partir du 19 novembre, promettant un "blocage du fret alimentaire". Les tensions sont exacerbées, alors que la Confédération paysanne, troisième force syndicale et héritière des luttes altermondialistes, prévoit des actions contre les "accords de libre-échange" et l'accaparement des terres par les acteurs énergétiques.
Dans un climat déjà tendu, les craintes d'une adoption de l'accord de libre-échange entre l'Union européenne et le Mercosur (Argentine, Brésil, Uruguay, Paraguay et Bolivie) se mélangent à la peur de la montée des taxes aux frontières chinoise et américaine. Les agriculteurs sont en proie à une situation financière critique, aggravée par des conditions climatiques extrêmes.
Depuis le début d'octobre, des actions se répètent à travers le pays : une génisse éventrée a été laissée devant une sous-préfecture dans le Doubs, pendant qu'une veillée funèbre pour "l'agriculture française" s'est tenue en Corrèze, et des chrysanthèmes ont été placés au pied de croix en hommage à des éleveurs des Vosges laissés pour compte par le géant laitier Lactalis.
Alors que la France, première puissance agricole de l'Union européenne, a subi sa pire récolte de blé en 40 ans et une chute des vendanges d'un quart en raison d'une campagne inattendue, les éleveurs font face à des épidémies dévastatrices menaçant la fertilité des animaux. "Sans réponses structurelles, la crise perdure et s’aggrave à cause des aléas climatiques", lance Laurence Marandola, porte-parole de la Confédération paysanne.
Le gouvernement a pourtant débloqué des centaines de millions d'euros d'aides et a promis des réformes pour alléger le système administratif en place. La ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, assure vouloir honorer les engagements pris, mais la réalité semble catastrophique. Les céréaliers se préparent à vendre moins cher, et les éleveurs se sentent piégés dans une "chute sans fin".
Jérôme Bayle, figure de proue du mouvement l'an dernier en Haute-Garonne, avertit que la signature de l'accord UE-Mercosur pourrait être le déclencheur d'une colère explosive. À la FNSEA, Arnaud Rousseau demande à Paris de s'opposer fermement à cet accord, qualifiant la situation de "ligne écarlate" et de "combat existentiel". Dans le même temps, Véronique Le Floch, de la Coordination rurale, insiste sur le fait qu'un tel accord rimerait avec l’abandon de la souveraineté alimentaire de la France.
La Confédération paysanne, luttant contre cet accord depuis des années, souligne que "aucune mesure de réciprocité ne compensera les importations massives" qui suivraient la mise en place de l'accord. Alors que l'incertitude économique règne, la lutte pour l'avenir des agriculteurs français s'intensifie, laissant présager une possible déflagration sociale. Reste à savoir si ces tensions se transformeront en un mouvement spectaculaire qui secouera le pays.