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Cigarette : La France devrait-elle interdire de fumer à l'extérieur comme à Milan ?

2025-01-04

Auteur: Pierre

Introduction

À Milan, la célèbre Dolce Vita est désormais à respirer en plein air et sans fumée. Depuis le début de l'année, fumer à l'extérieur est prohibé si quelqu'un se trouve à moins de dix mètres, une règle qui, dans une ville aussi peuplée, revient à interdire presque totalement le tabac dans l'espace urbain.

La situation en France

Une telle mesure pourrait-elle voir le jour en France, où le tabagisme cause chaque année 66 000 décès ? Pour Yves Martinet, président du Comité national contre le tabagisme (CNCT) et professeur de pneumologie, « ce serait une action efficace ». Il explique que « plus nous réduisons les zones où il est permis de fumer, plus nous débanalisons cet acte ». Natacha, 33 ans, fumeuse depuis le lycée, confie : « C’est en sortant sous la pluie pour fumer au restaurant que je réalise que j’ai peut-être un problème d’addiction ».

Les mesures prises en France

La France a déjà pris des mesures pour réduire les espaces consacrés au tabac. Depuis les années 2000, les lois se sont succédées : interdiction de fumer dans les trains (2004), puis dans tous les lieux publics, y compris les écoles, en 2007, et enfin une extension aux restaurants, bars et lieux de divertissement en 2008. En novembre 2023, l'interdiction s'est étendue aux espaces verts, y compris les plages.

Les effets des lois antitabac

Des études ont montré les bénéfices de ces lois. Yves Martinet souligne qu'après l'instauration des réglementations en 2007-2008, une diminution de 15 % des infarctus a été observée. En Écosse, il a été constaté une baisse des admissions infantiles aux urgences pour asthme sévère.

La perception de l'interdiction

Une étude de Santé Publique France a révélé que la perception de l'interdiction de fumer à domicile a évolué : avant 2007, 41,1 % des non-fumeurs estimaient qu'il était « strictement interdit » de fumer chez eux, un chiffre monté à 61 % cinq ans plus tard. L’impact est similaire chez les fumeurs, 39,5 % d'entre eux ne tolérant plus la cigarette chez soi en 2012.

L'impact des lois sur les fumeurs

Natacha admet : « Même quand je suis seule chez moi, je fume maintenant à la fenêtre ». D’après Yves Martinet, ces lois sont efficaces : « En rendant le fait de fumer moins courant, on réduit sa tolérance dans la société, même dans les endroits non concernés par les lois ».

Les défis à la mise en place de nouvelles lois

Cette question de santé publique est délicate en France, où un tiers des citoyens fument contre seulement 20 % en Italie. Michael Rochoy, médecin généraliste, note qu'il serait difficile de mettre en place une telle loi actuellement. Même si les lois précédentes ont été acceptées rapidement, l’administration actuelle traverse une période de faible popularité, rendant la gestion d’un projet d'interdiction nuisible au plan politique.

L'historique de la lutte contre le tabagisme

Historiquement, la lutte contre le tabagisme en France se base principalement sur l'augmentation des prix. Les paquets de cigarettes ont déjà dépassé les 12 euros, et des hausses supplémentaires sont prévues, avec un objectif minimum de 13 euros d'ici 2027, un montant qui sera deux fois supérieur à celui pratiqué en Italie. Les experts s'accordent à dire que le prix est l'un des leviers les plus efficaces pour décourager le tabagisme, mais beaucoup d'autres mesures de restriction devraient être implémentées en même temps pour maximiser leur impact.

Les exemples internationaux

De nombreux pays mènent des campagnes de lutte contre le tabac. Au Royaume-Uni, une loi en projet interdirait la vente de cigarettes aux personnes nées après 2009. « Bonne chance pour voir un tel projet en France », ironise Loïc Josseran. Cependant, il se montre optimiste sur la question des jeunes : bien qu'un tiers des Français continuent de fumer, la consommation est en chute parmi les nouvelles générations, passant de 41 % en 2000 à seulement 16 % en 2022 selon l'Observatoire français des drogues et des tendances addictives. Cela démontre une évolution, même si la lutte se poursuit contre des pratiques comme le vapotage et d'autres formes de consommation du tabac.

Conclusion

Finalement, Michael Rochoy affirme : « La loi de Milan reflète une tendance mondiale, et même si elle pourrait ne pas être adoptée en France cette année, nous finirons probablement par en voir l'instauration dans un avenir proche.