Le quatrième trimestre 2024 a vu le nombre de demandeurs d'emploi inscrits à France Travail, catégorie A (sans activité), flamber de 3,9 % en France, d'après les chiffres alarmants publiés le 27 janvier par la direction des statistiques du ministère du travail (Dares). Cette augmentation représente la plus forte hausse du chômage en France (hors Mayotte) en une décennie, à l'exception de la crise sanitaire liée à la Covid-19.

Les jeunes, en particulier ceux de moins de 25 ans, sont les plus touchés, enregistrant une augmentation vertigineuse de 8,5 % ce trimestre. Cette situation résulte d'une conjoncture marquée par une chute des recrutements et une montée inquiétante des faillites d'entreprises à travers le pays.

Au total, le nombre de chômeurs de catégorie A atteindrait 3,138 millions à la fin de 2024, avec 117 000 chômeurs supplémentaires par rapport au trimestre précédent. Sur une année, la progression est de 3,5 %, un contraste saisissant avec les variations beaucoup moins significatives observées dans les trimestres antérieurs.

La Dares note également qu'une attention particulière doit être portée aux demandeurs d'emploi exerçant une activité réduite (catégories A, B et C), dont le nombre a crû de 1,7 %, atteignant ainsi 5,495 millions. Les prévisions sont sombres alors que la hausse du chômage se concentre sur les personnes inscrites depuis moins d'un an (+ 2,3 %) et encore plus sur celles inscrites depuis moins de trois mois (+ 2,8 %), laissant entrevoir une tendance inquiétante pour l'avenir des travailleurs déjà en difficulté.

L'économiste Nathalie Chusseau a souligné que ces chiffres sont « cohérents avec ceux des faillites et des plans sociaux », tandis que Mathieu Plane, directeur adjoint du département d'analyse et de prévision à l'OFCE, a exprimé sa préoccupation face à cette réelle rupture inattendue : « Nous ne nous attendions pas à de si mauvaises nouvelles. » Il a évoqué une montée des faillites couplée à un ajustement budgétaire plein d'incertitudes, amenant les entreprises à anticiper la fin de certaines aides comme celles destinées à l'apprentissage.

Les experts du marché du travail s'accordent à dire que la situation pourrait s'aggraver en 2025. L’Urssaf a récemment signalé une chute de 2,4 % des déclarations d'embauche lors du dernier trimestre. Selon les prévisions de l’Insee, le taux de chômage pourrait grimper de 7,4 % à 7,6 % de la population active d'ici la mi-2025. Les prochaines données concernant le taux de chômage du quatrième trimestre seront révélées le 11 février, mais déjà la tension est palpable sur le marché de l'emploi français.