Affaires

Chocs et restructurations : Le marché automobile français face à une tempête

2025-01-04

Auteur: Léa

Le marché de l'automobile en France traverse une période tumultueuse. L'année 2024, comme l'indiquent les derniers chiffres de la Plateforme automobile (PFA), a été marquée par une baisse significative des ventes et une instabilité inquiétante dans le secteur, en particulier pour les véhicules électriques. Alors que l'Union européenne prévoit d'interdire la vente de véhicules à combustion à partir de 2035, le secteur doit faire face à des défis de taille.

Des ventes en chute libre

En 2024, les ventes de voitures neuves en France ont chuté de 3,2% par rapport à 2023, avec seulement 1 718 416 immatriculations, un recul aigu comparé aux 1 774 729 de l'année précédente. Marie-Laure Nivot, experte en analyse de marché chez AAA Data, souligne qu'un premier semestre positif a été radicalement suivi par un second semestre catastrophique, dû aux incertitudes politiques et économiques. De plus, les ventes ont diminué de 22% par rapport à 2019, avant la pandémie de Covid-19. Bien que les véhicules électriques aient connu une baisse de 2,4% de leurs ventes totales, les SUV continuent de tirer leur épingle du jeu. Les ventes des véhicules hybrides, quant à elles, ont fortement augmenté, atteignant 735 288 unités vendues en 2024.

Plans sociaux et restructurations imminentes

La situation ne doit pas seulement être mesurée en chiffres de vente. De nombreux plans sociaux ont été annoncés avec des milliers d'emplois menacés dans l'industrie automobile. Michelin, par exemple, fermera deux usines, mettant en danger 1 250 emplois, tandis que Valeo prévoit de supprimer près de 1 000 postes. La transition vers l'électrique nécessite moins de main-d'œuvre, et l'année 2024 pourrait voir une perte massive de 400 000 à 500 000 véhicules vendus en France, conduisant à des restructurations dans les grandes entreprises.

Concurrence mondiale et mutations

Ce bouleversement n'est pas uniquement un phénomène français. Ford prévoit de couper 4 000 postes en Europe d'ici 2027, dont une majorité en Allemagne. Volkswagen vient d'annoncer une réduction potentielle de 35 000 emplois pour rationaliser ses opérations. Ces restructurations dévoilent les tensions entre la réalité économique et le besoin urgent d'innovation en matière de production de véhicules électriques.

Les freins à la transition vers l'électrique

L'évolution vers les véhicules électriques fait face à des obstacles majeurs. Les prix restent prohibitifs, avec un écart de plus de 10 000 euros par rapport aux modèles à essence. Bien que le bonus écologique pour l'achat de véhicules électriques ait diminué — de 7 000 à 4 000 euros pour les ménages les plus modestes — cela n'a fait qu'accentuer le mécontentement des potentiels acheteurs. Une étude a révélé qu'un acheteur de voiture électrique sur deux renoncerait à son achat sans les aides gouvernementales. Ces défis, couplés à la dépendance croissante des acheteurs aux subventions, posent des questions sur la viabilité à long terme de l'industrie automobile française au vu des ambitions européennes pour réduire les émissions de carbone. La tempête semble loin d'être passée pour le secteur, qui doit maintenant naviguer entre la nécessité de s'adapter aux nouvelles réglementations et les pressions économiques croissantes.