
Changement spectaculaire à la tête d’EDF : Luc Rémont s'en va, Bernard Fontana prend les rênes
2025-03-21
Auteur: Emma
Le lundi 17 mars a marqué un tournant décisif pour EDF, lors d'un « conseil de politique nucléaire » tenu à l'Élysée. Ce rendez-vous crucial n'a pas filtré dans les médias à l'époque, mais s'est soldé par un communiqué de la présidence mettant l'accent sur « le caractère stratégique de la relance du nucléaire en France ». Le gouvernement a fixé l'objectif de mettre en service un premier réacteur EPR2 à Penly, en Seine-Maritime, d'ici 2038, un retard de trois ans par rapport aux ambitions initiales d'Emmanuel Macron exprimées lors de son discours à Belfort en février 2022.
L'une des raisons du départ de Luc Rémont, officialisé le 21 mars, semble être une critique voilée des retards accumulés dans la mise en œuvre du programme de construction des six nouveaux réacteurs EPR2. Le conseil a pressé EDF d'« amplifier les actions de maîtrise des coûts et du calendrier », exigeant un chiffrage précis avant la fin de l'année.
Luc Rémont, nommé en novembre 2022 pour redresser une entreprise alors en grande difficulté, n’a pas été renouvelé dans son mandat. Son remplacement par Bernard Fontana, actuel directeur général de Framatome, a été jugé plus pertinent par l'État. Fontana est reconnu pour son expertise dans le domaine nucléaire et ses compétences dans la fabrication de pièces essentielles pour les centrales nucléaires françaises.
L’ancien président d’EDF a dû faire face à des injonctions contradictoires de l'État, visant à assainir les finances tout en évitant une hausse des prix de l'électricité. Sous sa direction, EDF a souffert des conséquences de la crise de « corrosion sous contrainte », une situation qui a entraîné de nombreux arrêts dans la production d'électricité. En conséquence, la production nucléaire était historiquement faible en 2022, et Luc Rémont a tenté désespérément de remonter la pente tout en plaidant pour une hausse des prix du nucléaire.
Avec l'arrivée de Bernard Fontana, l'État espère relancer efficacement le programme des EPR2. Polytechnicien de 64 ans, Fontana a un parcours impressionnant dans l'industrie, ayant occupé des fonctions chez SNPE, ArcelorMittal et Holcim. Il dirigeait déjà Framatome depuis 2015 et a pris en charge le pôle « industrie et services » d'EDF en mars 2024. Son expérience diversifiée est une opportunité pour le secteur nucléaire français.
Sa nomination doit, cependant, recevoir l'aval des députés et sénateurs, un processus qui pourrait être scruté de près au vu de l'importance croissante de l'énergie nucléaire face aux défis énergétiques actuels. Reste à savoir si ce changement sera suffisant pour redynamiser le secteur nucléaire français et répondre aux enjeux climatiques de demain.