Nation

"Ce jour-là, j'ai failli perdre ma vie" : le voisin héroïque de Chahinez Daoud évoque son affrontement avec Mounir Boutaa

2025-03-26

Auteur: Michel

"Je porterai ces images jusqu'à la fin de mes jours." Voilà les mots de Gérard Van Cauwenberge, 76 ans, qui a assisté à l'horreur le 4 mars 2021, lorsqu'il a vu Chahinez Daoud en proie aux flammes, tandis que Mounir Boutaa, son époux, lui braquait une arme. Ce mercredi 26 mars, il a témoigné au tribunal, revivant ce moment tragique où il a cru pour la première fois que sa propre vie était en danger.

Ce soir-là, Gérard, qui se trouve chez lui, est soudainement éveillé par des cris dans une langue étrangère provenant de la rue. Une altercation s'intensifie rapidement et deux détonations retentissent. En sortant, il découvre avec horreur le corps de Chahinez allongé, la tête sur le caniveau, alors qu'un homme à côté d'elle déverse du liquide inflammable. "J'étais sidéré, mais j'ai décidé de l'insulter dans l'espoir de le faire réagir," se souvient-il. Malgré ses provocations, Boutaa reste impassible. S'approchant malgré tout, Gérard voit l'agresseur sortir un briquet, et les cris terrifiants de Chahinez résonnent alors qu'elle prend feu.

"J'ai cru mourir, je réalisais que je pouvais être la prochaine victime," confie Gérard, encore secoué par les souvenirs. Alors qu'il est face à la scène la plus horrible de sa vie, il se trouve également menacé par le pistolet de l'agresseur qui braque son arme dans sa direction.

Ce qui s'ensuit est tout aussi choquant. L'agresseur s'enfuit rapidement, laissant Gérard sous le choc. Il court jusqu'à son garage pour chercher des couvertures, et à son retour, le feu est moins intense. "La flamme ne dépasse plus qu'une quinzaine de centimètres," raconte-t-il. Il tente de protéger Chahinez avec des couvertures, tout en se rendant compte qu'il n'arrive pas à couvrir tout son corps.

Les secours ne tardent pas à arriver, mais la nuit reste sombre pour Gérard. Après avoir raconté son intervention aux forces de l'ordre, il se retrouve à devoir se rendre au commissariat, de 22h30 à 2h du matin. Le lendemain, en reprenant une vie normale, il retourne sur les lieux du drame et est submergé par le souvenir. "Je n'ai pas pu marcher sur le lieu du drame, c’était trop difficile," avoue-t-il.

Les jours passent, mais les souvenirs restent bien ancrés, soudant un poids dans sa mémoire qui le poursuit. "Pendant des mois, j’ai été incapable de dormir, hanté par des cauchemars. À cette époque, j'avais 72 ans, et je pleurais parfois dans mon lit comme un enfant," révèle-t-il.

Alors que Mounir Boutaa, du banc des accusés, présente ses excuses, Gérard reste impassible. Alors qu’on lui demande s’il se sent comme une victime, il répond sobrement : "Non, car je compare ma situation à celle des parents de Chahinez." L’avocat de la famille de Chahinez, Julien Plouton, s'élève alors pour reconnaître le courage de Gérard lors de cette sinistre nuit, déclarant : "Ce n'est pas tous les jours que l'on est confronté à sa propre humanité, et ce jour-là, vous avez agi avec un immense courage. Vous avez fait tout ce que vous pouviez faire, Monsieur."

Cette tragédie souligne la réalité inacceptable de la violence conjugale, un fléau toujours présent dans notre société. Les témoignages comme celui de Gérard sont essentiels pour sensibiliser et inciter à l'action, afin que des horreurs comme celle-ci ne se reproduisent plus jamais.