Françoise Barré-Sinoussi, présidente du Sidaction et co-découvreuse du VIH, a exprimé son profond désarroi ce samedi 22 mars sur France Inter au sujet des coupes budgétaires drastiques imposées par l'administration Trump. "On va vers la catastrophe, tant pour les populations des pays les plus pauvres que pour les États-Unis eux-mêmes", a-t-elle averti, alors que la 31e édition du Sidaction se tient jusqu'à dimanche.

Dans une tribune publiée dans Le Monde, elle a souligné que le gouvernement Trump a réduit de 83 % le budget alloué à l'agence Usaid, une décision catastrophique pour le traitement et la prévention du VIH/SIDA. "Cet argent était essentiel pour traiter les malades et prévenir les infections. Entre 60 et 85 % des pays en développement dépendent de ce financement pour leurs programmes de dépistage et de traitement. Cela entraînera des conséquences désastreuses dans les années à venir", a-t-elle déclaré.

Sa colère s'est accentuée, mentionnant : "Nous sommes à la fois sidérés et très en colère. Ce type de décision fait perdre des années de progrès accumulés dans la lutte contre le VIH. De plus, l’administration Trump réduit également les financements pour la recherche, menaçant même les emplois de chercheurs. Cela aura des répercussions sur les chercheurs français, déjà affectés par des coupures budgétaires."

Face à cette situation critique, Barré-Sinoussi appelle la France à jouer un rôle moteur au sein de l’Europe. "C'est le moment ou jamais d'agir pour établir une politique européenne efficace face à cette crise. La recherche est actuellement très peu financée par l'Europe et nous avons encore beaucoup d'efforts à fournir", a-t-elle insisté.

Dans le monde, près de 40 millions de personnes vivent avec le VIH, dont environ un quart n'a pas accès au traitement. Chaque année, plus de 600 000 personnes en meurent. En France, l'association AIDES a recensé 200 000 personnes vivant avec le VIH, dont 24 000 ignorent leur statut sérologique. Selon l'Inserm, environ 5 000 personnes découvrent leur séropositivité chaque année dans le pays.

Les dons au Sidaction, réalisés par téléphone, SMS ou internet, sont indispensables pour financer des recherches, des soins et des programmes d'aide aux personnes concernées, tant en France qu'à l'étranger. L'édition 2024 a déjà enregistré 3,87 millions d'euros de promesses de dons, un montant équivalent à celui de l'année dernière. Il est essentiel de renforcer ce soutien pour éviter un retour en arrière dans la lutte contre le VIH.