CARTE. Découvrez les avancées surprenantes de l'armée israélienne en Syrie dans la zone stratégique du Golan !
2024-12-15
Auteur: Léa
Après cinquante longues années d'absence, des chars israéliens sont de retour dans le plateau du Golan. Suite à l'effondrement du régime de Bachar al-Assad, survenu dans la nuit du 7 au 8 décembre, l'armée israélienne a franchi la frontière, allant jusqu'à occuper des zones au-delà de la zone tampon qui séparait les deux pays. Ce développement suscite de vives inquiétudes dans un secteur qui est déjà instable depuis des décennies. Initialement qualifiée d'opération "limitée et temporaire", la situation a pris une tournure plus sérieuse lorsque le ministre de la Défense israélien, Israël Katz, a ordonné aux forces armées de "se préparer à rester" pendant l'hiver.
Le 7 décembre, avant même la fuite de Bachar al-Assad, l'armée israélienne avait déjà traversé la ligne de séparation près de la ville druze de Majdal Shams, située dans le nord-est du plateau du Golan occupé. Le Premier ministre Benyamin Netanyahou a donné l'ordre à ses troupes de "prendre le contrôle" de cette zone pour protéger les communautés du Golan et les citoyens israéliens, maintenant que l'armée régulière syrienne avait déserté.
Face à l'instabilité en Syrie et à l'émergence du groupe rebelle Hayat Tahrir al-Sham (HTS), Israël vise à empêcher l'établissement de forces hostiles à ses frontières. Netanyahou a affirmé qu'Israël n'avait aucune intention de s'impliquer dans les affaires syriennes, tout en justifiant les frappes aériennes contre des installations militaires syriennes pour éviter qu'elles ne tombent entre les mains des jihadistes. Il a par ailleurs averti que si le nouveau régime syrien laissait l'Iran se réimplanter sur son territoire, les conséquences seraient graves.
Les troupes israéliennes ont investi des positions abandonnées depuis 1974, qui étaient auparavant sous l'observation de la Force des Nations unies chargée d’observer le désengagement (FNUOD). La zone d'environ un à huit kilomètres le long des 80 km séparant Israël de la Syrie abritait quelques villages. Dès le 8 décembre, des soldats israéliens de la 210ème division se filmaient au sommet du mont Hermon, à proximité immédiate d'une base de la FNUOD.
Des incursions israéliennes ont été signalées dans le sud, à proximité des villes de Kuneitra et Kwdana. L'armée s'est attelée à renforcer ses installations de défense, tandis qu'elle a récupéré des tanks et des munitions abandonnés par les forces de Bachar al-Assad lors de leur retraite. D'après le think tank américain Institute for the Study of War (ISW), l'armée israélienne n'a pas rencontré de résistance significative dans ces opérations.
La carte que nous présentons montre clairement que les soldats israéliens se sont aventurés au-delà de la zone tampon. Des images publiées par divers comptes de l'armée ont montré des soldats israéliens à un point stratégique au sud de Kuneitra, bénéficiant d'une vue dégagée vers l'est.
Cette région se situe à un carrefour où se rencontrent de nombreux groupes syriens. Le 7 décembre, des forces rebelles ont pris position dans la province de Deraa, alors que le HTS a étendu son influence autour de Damas, à seulement 35 km au nord-est. Des résidents de la ville de Marbah, où une intervention israélienne est envisagée, auraient même sollicité l'aide du HTS contre Tsahal.
Sur le plan international, ces actions d'Israël marquent la fin de l'accord de désengagement de 1974 entre Israël et la Syrie. Benyamin Netanyahou a déclaré que cet accord "s'est écroulé" après la chute du régime Assad. Concernant le plateau du Golan, Israël, qui l'occupe depuis 1967, considère désormais ce territoire comme sien “pour l'éternité”, soutenu par la décision prise par Donald Trump en 2019 de reconnaître la souveraineté israélienne sur le plateau, une déclaration controversée qui enfreint plusieurs résolutions de l'ONU.
L'intervention israélienne dans la zone tampon a suscité de nombreuses critiques au niveau international, le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, ayant appelé toutes les parties à mettre fin à leur présence non autorisée dans cette zone sensible. La Jordanie et d'autres nations, comme l'Arabie Saoudite, ont également exprimé leur désapprobation, estimant qu’Israël sapait les efforts de la Syrie pour assurer sa sécurité et sa stabilité. Le 11 décembre, la France a également exhorté Israël à se retirer de la zone tampon, soulignant l'importance de respecter les accords internationaux.