Dans un monde automobile en pleine transformation, une collaboration entre BYD, le géant chinois de la mobilité électrique, et Tesla, le leader américain, pourrait marquer un tournant décisif. Les deux entreprises ont le potentiel de redéfinir le paysage automobile mondial en mettant en place des stratégies communes visant à éliminer progressivement les moteurs à combustion interne.

Une déclaration percutante qui annonce un changement

Lors d'une interview accordée au Financial Times, Stella Li, présidente de BYD, a énoncé : “Notre ennemi commun est la voiture thermique. Nous devons travailler ensemble.” Cette phrase retentissante pose les bases d'une coopération inattendue entre deux leaders du secteur, au moment où les tensions commerciales entre la Chine et l'Occident sont à leur comble. Li a également affirmé que la Chine serait "plus accueillante pour les entreprises étrangères que l'Occident", une déclaration qui pourrait ouvrir des portes à une collaboration stratégique avec Tesla, tout en tentant de dissiper les perceptions erronées sur le marché chinois.

Les domaines de synergies possibles

Les axes de collaboration entre BYD et Tesla sont nombreux. BYD a déjà exprimé sa volonté de partager ses technologies phares dans les domaines des voitures électriques et de la conduite autonome. Cette collaboration pourrait inclure :

- Développement conjoint de batteries de nouvelle génération pour réduire les coûts et améliorer l'autonomie.

- Partage des technologies de conduite autonome, facilitant leur déploiement.

- Création d’un réseau mondial de bornes de recharge commun.

- Standardisation des protocoles de recharge rapide pour une adoption plus généralisée.

Un partenariat pourrait aussi profiter aux deux entreprises pour optimiser leurs chaînes d’approvisionnement, particulièrement concernant les matériaux stratégiques comme le lithium, le cobalt ou le nickel, dont le prix a explosé ces dernières années.

Un contexte économique propice au rapprochement

Actuellement, Tesla fait face à des défis en Europe, avec une chute des ventes, alors que BYD connaît un essor impressionnant. Collaborer avec BYD pourrait permettre à Tesla de consolider sa position sur le marché chinois, qui représente plus de 60% des ventes mondiales de véhicules électriques. De plus, la technologie de batteries LFP (Lithium Fer Phosphate) de BYD est reconnue comme étant moins coûteuse et plus durable, ce qui pourrait également intéresser Tesla.

Pour BYD, cette alliance serait une porte d'entrée vers les marchés occidentaux où elle peine encore à s'imposer, notamment en raison des réticences face aux marques chinoises. L’expertise de Tesla en matière de logiciels et d’interfaces utilisateur pourrait également élargir l’attrait des voitures BYD sur ces marchés.

Les défis politiques à surmonter

Malgré la recherche d'un rapprochement, de nombreux obstacles existent. La montée du protectionnisme, notamment aux États-Unis, pourrait compliquer toute collaboration avec une entreprise chinoise. Toutefois, Stella Li semble confiante et estime que les consommateurs choisiront les voitures électriques en raison de leur performance et de leur qualité supérieure.

En Europe, la situation est également tendue avec l’instauration récente de droits de douane pouvant atteindre des niveaux très élevés sur les véhicules électriques chinois. Ces mesures visent à protéger l'industrie locale face à la concurrence perçue comme déloyale.

L'impact de cette alliance sur le marché mondial

Une telle coopération aurait le potentiel de créer une dynamique si forte qu'elle pourrait précipiter la disparition des moteurs thermiques. En 2024, les deux entreprises auront produit près de 5 millions de véhicules électriques, surpassant ainsi l'ensemble des autres fabricants. Cette synergie entraînerait également des économies d’échelle significatives, rendant les véhicules électriques plus accessibles au grand public.

Les analyses prévoient une baisse de 15 à 20 % des prix d’ici 2028 grâce à cette éventuelle collaboration. Pour les constructeurs traditionnels, déjà sous pression, cela représenterait une menace existentielle, rendant les investissements nécessaires pour rattraper leur retard encore plus difficiles.

Les consommateurs pourraient profiter de véhicules électriques plus abordables et performants, accompagnés d’infrastructures de recharge mieux développées, accélérant ainsi la transition énergétique dans le secteur des transports. Cela aurait un impact significatif sur la réduction des émissions de CO2.

Le dilemme d'Elon Musk

Reste à savoir si Elon Musk acceptera cette invitation de son rival ou s’il préférera poursuivre sa propre voie. Une chose est certaine : cette offre de BYD pourrait marquer un tournant dans l’industrie automobile, orientant l'approche vers la coopération, face à l’urgence climatique.