Budget : l'ex-ministre Thomas Cazenave s'oppose à la suspension de la réforme des retraites
2025-01-12
Auteur: Michel
Alors que Michel Barnier envisage de ramener le déficit à 5 % d'ici 2025, Éric Lombard, le ministre de l’Économie, vise un objectif se situant entre 5 et 5,5 %. Cette divergence soulève la question des marges de manœuvre restantes pour la France en matière de finances publiques.
La situation économique actuelle est critique. Il existe un espace pour la négociation, mais un impératif demeure : nous devons continuer à réduire notre déficit après des années de dépenses massives. Dans les futures discussions, notamment avec le Parti Socialiste, il est essentiel que les demandes soient à la fois raisonnables et compatibles avec un objectif de réduction du déficit.
Le futur projet de loi de finances, porté par François Bayrou, devrait reposer sur un effort de 50 milliards d'euros, soit 10 milliards de moins que le précédent. Ce chiffre est significatif, car il inclut notamment une contribution de 8 milliards d'euros des grandes entreprises, envisagée sous le budget de Michel Barnier. Pour réduire le déficit, il est crucial de rechercher des économies substantielles et d'innover en matière de recettes, notamment par la taxation des rachats d’actions.
Le Parti Socialiste a affirmé qu'une non-censure du gouvernement passerait par la suspension de la réforme des retraites. Mais cela est-il compatible avec l'impératif de maîtrise des dépenses publiques ? Thomas Cazenave se montre clair : "Je ne suis pas favorable à une suspension, car une fois suspendue, une réforme peut ne jamais redémarrer. Il est préférable de maintenir la réforme tout en discutant d'améliorations dans un cadre défini. Nos régimes de retraites, malgré la réforme de 2023, sont déjà en déséquilibre. Le président du COR (Conseil d’Orientation des Retraites) a averti que la situation se dégradera d’ici 2030. Nous pouvons débattre de questions techniques, telles que la pénibilité ou les carrières hachées pour les femmes, mais nous ne devons pas aggraver la situation, au risque de compromettre le système de répartition des retraites."
Concernant son projet de loi contre la fraude, il sera présenté dans l’Hémicycle le 27 janvier. Ce texte vise à lutter contre les abus liés aux aides publiques et à l’éco-délinquance, soit le détournement des fonds alloués à l’environnement. Actuellement, l'État consacre plus de 20 milliards d'euros chaque année en aides pour l'acquisition de véhicules, la rénovation énergétique, et la formation professionnelle.
Tracfin a déjà identifié 400 millions d'euros de détournements potentiels liés à MaPrimeRénov’. La Cour des comptes, de son côté, estime que 450 millions d'euros pourraient avoir été détournés dans le cadre des certificats d'économie d'énergie. Cette situation entraîne des pertes majeures pour les finances publiques et souligne la nécessité d'adopter des mesures plus strictes contre la fraude.
"Notre proposition de loi permettra également à un organe de suspendre le versement d’une aide en cas de doute. Actuellement, cette procédure n'existe pas, et de nombreuses aides sont versées à des entreprises éphémères qui disparaissent rapidement. Ce texte facilitera aussi le partage d'informations entre les différents services de l’État. À l’avenir, nous espérons récupérer ou éviter de perdre entre 700 millions et 1,6 milliard d'euros en détournements de fonds publics."
Cazenave présidera également une commission d'enquête sur les élections, suite à une demande de La France Insoumise (LFI). Le but de cette commission sera d'étudier plusieurs enjeux cruciaux de la vie démocratique, tels que l'inscriptions des électeurs, l'augmentation de la participation, le vote électronique, mais aussi la violence lors des campagnes électorales.
Enfin, Emmanuel Macron a ouvert la porte à l'idée de référendums sur plusieurs sujets. Cazenave fait remarquer que dans d'autres pays, les gouvernements sollicitent plus facilement l'avis des électeurs sur des questions clés. Une réforme territoriale pourrait constituer un sujet pertinent sur lequel organiser un référendum.
En résumé, la situation politique et économique actuelle exige des décisions attentives et couragées. Le plus grand risque serait de tomber dans l'immobilisme alors que les défis à relever sont immenses.