Budget 2025 : Le gouvernement fait des concessions pour éviter le naufrage au Sénat !
2024-11-12
Auteur: Léa
Alors que la bataille des idées touche à sa fin, le moment du vote approche. Les députés sont convoqués ce mardi pour statuer sur les "recettes" du projet de budget 2025, qualifiées de "compatibles avec le Nouveau Front populaire (NFP)" selon la France insoumise (LFI). Un rejet semble probable avant que le texte ne file vers le Sénat, et le gouvernement a intensifié ses efforts pour séduire ses alliés.
Si le vote de cet après-midi se solde par un résultat défavorable, la totalité du texte sera considérée comme rejetée, mettant fin à son examen et permettant à l'exécutif de soumettre sa version initiale – moins modifiée par des oppositions et des soutiens ambiguës – au Sénat.
Un scénario peu commun pourrait se dessiner si la coalition gouvernementale, en crise, vote contre cette version révisée, tandis que le Rassemblement national (RN) pourrait s'abstenir ou apporter son soutien. De leur côté, les partis de gauche cherchent à faire adopter le texte pour faire valoir leurs arguments dans l'hémicycle.
Durant le long week-end, le gouvernement a anticipé l'examen de ce budget, ainsi que celui relatif à la Sécurité sociale, avec pour objectif de rassurer sa coalition fragile.
Des compromis sur les retraites et l'électricité ?
Une des annonces marquantes a porté sur la revalorisation des retraites, qui, bien que gelées précédemment, seront augmentées au 1er janvier, mais uniquement de la moitié de l'inflation. Cette information a été révélée par Laurent Wauquiez, chef de file des députés de droite, signalant un compromis avec Michel Barnier.
Le ministre du Budget, Laurent Saint-Martin, a également évoqué un possible accord dans les jours à venir pour réduire la chute des allégements de cotisations aux entreprises, un enjeu crucial pour le gouvernement macroniste. Il a par ailleurs tendu la main à Jean-Paul Mattei, député MoDem, en suggérant que la pérennisation de la taxe sur les hauts revenus pourrait aider à réduire le déficit jusqu'à 4%.
Quant à Michel Barnier, il a prometté au député Horizons Laurent Marcangeli d'explorer leur proposition d"allocation sociale unique". En réponse à une question de Laurent Wauquiez, il a confirmé que le gouvernement est ouvert à instaurer une clause de réexamen pour ajuster les effets d'une taxe sur l'électricité – un sujet qui suscite des tensions au sein de la coalition.
"Pas votable"
Le groupe de gauche NFP a ajouté au projet de loi de finances (PLF) de nouvelles taxes visant les superprofits, les superdividendes, et d'autres secteurs comme les grandes entreprises du numérique, rendant les débats particulièrement confus. Au terme de ces discussions, terminées dans la nuit de vendredi à samedi, il est apparu que personne n’avait la même estimation des nouvelles recettes potentielles.
Alors que M. Saint-Martin a dénoncé une "overdose fiscale" de 35 milliards d'euros, Eric Coquerel (LFI), président de la commission des Finances, a avancé un chiffre de 58 milliards d'euros net de recettes créées, se félicitant d'un budget désormais "compatible avec le NFP".
Un coup de théâtre orchestré par le RN a permis de supprimer l'article relatif à la contribution de la France à l'Union européenne.
Le député macroniste David Amiel (EPR) a par ailleurs déclaré que "ce budget n'est évidemment pas votable en l'état". La coalition gouvernementale actuelle à l'Assemblée (EPR, MoDem, Horizons, Droite républicaine) n'a pas non plus été indulgente envers le projet, ayant participé à la suppression de plusieurs mesures. Néanmoins, elle devrait rejeter le texte pour que la version initiale puisse être envoyée au Sénat.
À l'inverse, les groupes de gauche (LFI, PS, Écologistes, communistes) ont annoncé qu'ils voteraient en faveur du texte. Cependant, en l'absence d'un accident politique, la gauche peinera à s'assurer son adoption face à la coalition gouvernementale et au RN, qui devrait voter contre.
Des rumeurs au sein du groupe laissent présager que le RN se dirigerait "très probablement" vers le rejet. En cas d'adoption du volet "recettes", les députés se concentreront rapidement sur la partie "dépenses" du PLF, avec la date butoir du 21 novembre qui approche, où environ 1.500 amendements doivent être examinés avant le passage au Sénat.
Reste à savoir si ce projet parviendra à éviter le naufrage au Sénat et à maintenir une cohésion fragile. Les enjeux sont élevés, et le secteur public qui dépend largement de ces décisions attend une issue avec impatience.