Bordeaux : Une Nouvelle Tarification Écologique pour les SUV, mais Quelles Conséquences ?
2025-01-20
Auteur: Julie
Dans le centre de Bordeaux, un Volvo XC60 réussit l'exploit de se garer un samedi après-midi, à proximité de la galerie des Grands-Hommes. Au volant, Yves, un bordelais quinquagénaire, n’est pas étranger aux nouvelles mesures de tarification environnementale que la municipalité écologiste s'apprête à mettre en place. À compter du 2 mai, une majoration des tarifs de stationnement sera appliquée aux véhicules thermiques dépassant 1,6 tonne, et 1,9 tonne pour les modèles hybrides ou électriques. Cette décision ne fait pas l'unanimité.
Les nouveaux tarifs, qui devraient augmenter de 30 % dans les zones rouges et vertes, représentent un changement radical. Par exemple, le coût pour une heure de stationnement dans l’hypercentre passera de 2,50 euros à 3,25 euros. Des tarifs qui peuvent rapidement grimper, atteignant jusqu'à 45,50 euros en cas de forfait post-stationnement, en comparaison aux 35 euros pour un véhicule standard. Ce tarif sera calculé automatiquement grâce à un système de reconnaissance des plaques d’immatriculation, remplaçant les agents verbalisateurs depuis 2022.
Yves, qui ignore le poids exact de son SUV, exprime son mécontentement. "C'est un moyen détourné pour taxer les citoyens," dit-il, soulignant que la ville devrait se concentrer sur l'amélioration des mobilités douces et la sécurité des cyclistes. En effet, en 2024, quatre SUV figuraient dans le top 10 des voitures les plus vendues en France, et en Gironde, les SUV représentaient 51,5 % des ventes de véhicules neufs, laissant derrière eux les voitures à hayon qui n'atteignaient que 40,1 %.
D'autres, comme Roger, un retraité possédant un Toyota Rav4 hybride, se sentent soulagés, car son véhicule, pesant 1 680 kilos, échappe à la majoration. Cependant, ces nouvelles restrictions visent principalement les classes moyennes, car les SUV populaires comme les Peugeot 3008 sont également exclus de ces frais supplémentaires.
La ville de Bordeaux semble adopter une approche prudente dans l'application de ces mesures, probablement pour ne pas froisser l'opinion publique, alors que d'autres villes, comme Lyon, imposent des augmentations beaucoup plus severes allant jusqu'à 50 %.
Pierre Hurmic, le maire de Bordeaux, défend ces décisions en soulignant les impacts environnementaux et urbains des SUV : une émission de CO₂ 15 % supérieure par rapport aux voitures traditionnelles et un risque accru d'accidents pour les piétons et cyclistes. Les statistiques montrent que les piétons ont jusqu'à 1,48 fois plus de risques d'être blessés dans une collision avec un SUV que dans celle avec une voiture standard.
Ce changement touchera environ 10 % des abonnés de stationnement de surface, et 14 % des véhicules visiteurs, selon la mairie. Alors que certains habitants préfèrent éviter d'utiliser leur SUV en ville, d'autres se demandent si ces nouvelles règles suffiront à encourager des choix de transport plus durables. Les discussions sur l'impact réel de ces mesures sur la circulation et l'environnement continuent de faire couler beaucoup d'encre à Bordeaux.