Les récentes décisions de Donald Trump provoquent un sentiment d'exaspération chez de nombreux Français. Outrés par ses annonces du 2 avril concernant l'augmentation des tarifs douaniers et par ses positions controversées sur divers sujets, des citoyens s'engagent dans un mouvement de boycott des produits américains, espérant influencer les grandes entreprises américaines à long terme.

Parmi ces Français, Karen, une comptable à la retraite vivant près de Bordeaux, privilégie depuis longtemps des options locales et durables. Elle a récemment renforcé son engagement en scrutant encore plus attentivement les étiquettes de ses courses. "Lorsque j'ai cherché des piles pour la radio de mon mari, j'ai été choquée de trouver uniquement des options américaines. J'ai donc décidé de changer de supermarché et j'achète maintenant des piles Varta, c'est allemand", raconte-t-elle.

"Je voulais aussi supprimer WhatsApp"

Karen explique également avoir possédé une machine Sodastream, également américaine, mais grâce à des groupes de boycott sur les réseaux sociaux, elle a découvert une entreprise française, Les French Bulles, qui propose des machines à un prix plus raisonnable. Ce groupe de Français qui boycottent les produits américains se renseigne, échange des conseils en ligne et modifie leurs habitudes d'achat, que ce soit pour des biscuits, de la lessive ou même de la pâtée pour chat. "Quand j'ai vérifié, je me suis rendu compte que la pâtée de mes chats était également produite par Purina, un groupe américain", ajoute-t-elle.

Les alternatives existent, affirment ces consommateurs. Emeline, une directrice financière dans une PME de cosmétiques et mère de trois adolescents, a même bouleversé ses habitudes numériques : "J'ai changé de navigateur, dit-elle. J'ai quitté Chrome pour Qwant et j'en suis très satisfaite. Je voulais aussi supprimer WhatsApp, mais là, il y a une réticence dans ma famille".

Annulation d'un voyage aux États-Unis

Modifier ses outils informatiques s'avère être défi, et tous ne parviennent pas à le faire. Cependant, la détermination est palpable. Ces Français sont choqués non seulement par les tarifs douaniers, mais aussi par l'incident impliquant le président ukrainien Volodymyr Zelensky dans le bureau ovale, et par toutes les déclarations de Donald Trump. "Nous ne sommes pas prêts à baisser les bras", affirme Caroline. "Je veux vraiment qu'on se rebelle contre ce monde et j'espère que l'Europe saura faire front ensemble."

Le boycott est perçu comme une arme politique puissante par Caroline, qui a récemment annulé un voyage aux États-Unis prévu pour l'automne. "Non, je ne mettrai pas les pieds là-bas tant que Trump est au pouvoir. Ce geste est symbolique et politique", déclare-t-elle avec conviction. Ces consommateurs militants croient fermement en leur action, même s'ils sont conscients de la petite taille de leur mouvement.

En réalité, ce phénomène de boycott va bien au-delà des simples achats. C'est un cri de ralliement qu'un nombre grandissant de Français utilise pour exprimer leur mécontentement envers une politique qu'ils jugent nuisible ou inacceptable, et ils espèrent que cette tendance s'étendra, incitant d'autres à reconsidérer leurs choix de consommation.