Bernard Lahire : "Un relativisme généralisé a envahi les sciences sociales"
2025-01-17
Auteur: Marie
Il y a un an et demi, le sociologue Bernard Lahire a publié son ouvrage provocateur, *Les Structures fondamentales des sociétés humaines* (La Découverte, 2023). Ce livre propose d'identifier des lois universelles afin de structurer les sciences sociales, un projet qui a suscité un vif débat dans une discipline souvent critiquée pour son hyperspécialisation, son constructivisme et son culturalisme exacerbés.
Lahire, en véritable pionnier, remet en question la domination de ces approches. Selon lui, elles enferment les sciences sociales dans un cycle vicieux où l'étude des cas particuliers devient la norme, écartant ainsi toute tentative d'élaborer des théories générales. Ce relativisme généralisé, tout en cherchant à prévenir des dérives potentiellement essentialistes, limite en fait le champ d'action et la capacité à produire des connaissances cumulatives, essentielles au progrès scientifique.
Des experts dans le domaine partagent les préoccupations de Lahire. Ils soulignent que cette focalisation exclusive sur l'individuel peut nuire à la compréhension des dynamiques sociales plus larges. En d'autres termes, en évitant de poser des hypothèses à portée générale, la recherche sociale risque de ne jamais saisir les mécanismes structurels sous-jacents qui façonnent nos sociétés modernes.
La controverse alimentée par Lahire pourrait donc englober des questions cruciales pour l’avenir des sciences sociales : Comment concilier l'analyse fine des contextes locaux avec la nécessité de dégager des tendances universelles ? Les futures générations de sociologues seront-elles prêtes à transcender ces clivages pour forger une science sociale plus intégrative ? La réponse à ces interrogations pourrait bien redéfinir le paysage académique d'une discipline en constante évolution.