Technologie

Belgique : des réacteurs d’avion activés pour éviter une panne électrique

2025-01-27

Auteur: Jean

À l'approche de l'hiver, alors que les températures plongent et que la consommation d'électricité atteint des sommets, la Belgique fait face à une crise énergétique inattendue. Des réacteurs de Boeing 707 ont été activés pour alimenter le réseau électrique, et cette situation qui semble tout droit sortie d'un roman d'anticipation est désormais la réalité du pays. Pourquoi en arrive-t-on là et quelles leçons pouvons-nous tirer de cette situation?

Un recours sans précédent pour prévenir le black-out

Pour répondre à une demande croissante d'électricité, la Belgique a eu recours à des réacteurs d'avion, généralement réservés à l'aviation, afin de produire de l'énergie. Ces turboréacteurs, qui fonctionnent au kérosène, permettent de fournir rapidement de l'électricité, bien que cette méthode soit à la fois coûteuse et polluante. D'après Mattias Detremmerie, cofondateur de la société Elindus, cette stratégie a déjà été mise en œuvre plusieurs fois, notamment lors de la panne du réacteur nucléaire de Tihange 1, survenue le 20 janvier 2025. Alors que les prix de l'électricité atteignent des sommets de 1 000 euros par mégawattheure, cette situation met en lumière les fragilités du système énergétique belge.

En effet, la Belgique dépend d'un mix énergétique où le nucléaire représente 42,2 % de la production totale, suivi du gaz avec 17,6 %, de l'éolien à 17,9 % et du solaire à 11,9 %. Malheureusement, les énergies renouvelables, tributaires de conditions climatiques spécifiques, démontrent une fiabilité limitée pendant l'hiver. De plus, la loi de 2003 qui impose la fermeture de tous les réacteurs nucléaires d'ici à la fin de l'année 2025 a déjà conduit à l'arrêt de plusieurs unités. Les centrales à gaz, malgré une exploitation maximale, ne suffisent pas à couvrir les pics de consommation.

L'activation des réacteurs d’avion devient alors un ultime recours pour éviter une coupure générale. Toutefois, cette solution est loin d'être durable : elle génère de grandes quantités de CO2 et alourdit la facture énergétique du pays, exacerbant ainsi un problème déjà délicat.

Belgique : une transition énergétique sous pression

Cette situation met en évidence les limites d'une transition énergétique qui se concentre sur la sortie du nucléaire. Bien que l'intention soit d'encourager les sources d'énergie renouvelables, leur nature intermittente impose la nécessité d'une production d'urgence fiable. Parallèlement, des pays comme l'Allemagne font face à un phénomène similaire, appelé Dunkelflaute, où une absence prolongée de vent et de soleil les pousse à recourir massivement au gaz et au charbon, augmentant leurs émissions de CO2.

En revanche, la France, avec 70 % de son électricité provenant du nucléaire, bénéficie d'une production énergétique moins polluante. L'expérience belge souligne l'importance cruciale de trouver un équilibre entre ambition écologique et pragmatisme énergétique. Les énergies renouvelables doivent effectivement être soutenues par des alternatives stables, telles que l'énergie nucléaire ou des technologies de stockage avancées.

De plus, il est essentiel que les gouvernements évaluent avec soin les conséquences de leurs décisions à long terme, en prenant en compte les besoins réels de la population ainsi que les incertitudes climatologiques.

L'utilisation de réacteurs Boeing, bien que cet événement soit spectaculaire, sert de signal d'alarme. Il démontre que garantir un accès à une énergie fiable et abordable ne peut se résumer à des slogans ou à des paris sur l'avenir. En Belgique, comme ailleurs, il est urgent de réévaluer la stratégie énergétique pour éviter de se retrouver à nouveau acculé contre le mur.