Divertissement

Avec « Anora », Sean Baker et Mikey Madison révolutionnent la perception des travailleuses du sexe

2024-11-03

Auteur: Sophie

CINÉMA - Drôle, émouvant et parfois provocateur, le film « Anora » de Sean Baker met en lumière une héroïne moderne tout en brisant les stéréotypes associés aux travailleuses du sexe. Présenté à la 77ème édition du Festival de Cannes où il a remporté la Palme d'or, le film est sorti en salles mercredi 30 octobre. Mikey Madison incarne Annie, une stripteaseuse dont le destin prend un tournant incroyable lorsqu'elle croise la route d'Ivan, le fils d'un oligarque russe aux ambitions démesurées.

La rencontre entre Annie et Ivan tourne vite au conte de fées moderne : ils s'embrassent à Las Vegas, impulsifs et amoureux. Toutefois, cette relation idyllique va vite se heurter à la réalité. Les parents d'Ivan, soucieux de leur réputation, engagent des hommes de main pour tenter de rompre ce mariage qui menacerait leur statut.

Annie, prise dans cette aventure par amour, se lance alors dans une quête dangereuse pour retrouver son mari. « Anora » plonge le spectateur dans les coulisses du monde des travailleuses du sexe, un thème cher à Sean Baker depuis ses précédents films comme « Tangerine ».

Une héroïne au-delà des clichés

Le film dévoile non seulement la solidarité mais aussi la rivalité au sein du monde du strip-tease, rappelant que ces femmes travaillent bien souvent dans des conditions similaires à d'autres professions, avec leurs propres luttes et défis. Le réalisateur espère ouvrir les yeux du public sur le fait que ce métier, souvent stigmatisé, exige une grande éthique et une force de caractère. « Les travailleuses du sexe que j'ai rencontrées sont tout sauf les femmes désespérées que l'on imagine », confie Sean Baker lors d’une interview.

Mikey Madison, dans sa préparation pour son rôle, a travaillé avec des stripteaseuses professionnelles pour capturer l'essence du métier, apprenant même quelques mots en russe, une langue présente dans le film. Son personnage, Annie, n’est pas seulement une stripteaseuse ; elle est aussi une jeune femme forte qui désire croire en l'amour tout en étant confrontée aux jugements liés à sa profession.

« Je voulais qu’elle soit forte mais aussi émotionnellement complexe », explique Mikey Madison, soulignant à quel point son personnage reflète la dualité des femmes travaillant dans ce milieu.

Sean Baker défie les attentes

Alors que le film commence comme une comédie romantique classique, il prend vite un tournant inattendu, défiant ainsi les clichés autour du genre. « Nous montrons au public une histoire romantique, mais cela se transforme rapidement en quelque chose de complètement différent », précise Sean Baker. Le film passe ainsi d'une romance enjouée à une satire sociale mêlée à des éléments dramatiques. La montée en intensité de chaque scène juxtapose à l'humour omniprésent, rendant le récit porté par des dialogues percutants et souvent piquants.

Les stéréotypes, clairement présents au début, sont ainsi habilement déconstruits au fil de l’histoire. Ivan, loin de l’image du riche héritier insouciant, montre également ses vulnérabilités. La dynamique inattendue entre les personnages, y compris celui d’Igor, joué par Youri Borissov, ajoute des couches de profondeur à l’intrigue. Le film mêle habilement humour et moments poignants tout en illustrant les luttes des personnages face à leurs propres démons.

À l'issue des 2 heures et 20 minutes de ce voyage cinématographique, Sean Baker fait preuve de sa typique imprévisibilité. « Je dirais que c’est un film à la fois drôle et triste, un mélange de genres qui captive », conclut Mikey Madison, encapsulant ainsi l’essence d'« Anora » : un chef-d'œuvre de Sean Baker, promettant de hanter les esprits bien après le générique.