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Aux Pays-Bas, l'extrême droite propose une "loi d'urgence" pour contrôler l'immigration

2024-09-15

Le gouvernement néerlandais, dirigé par le premier ministre Dick Schoof, a récemment dévoilé un projet audacieux : instaurer une "loi d'urgence" pour faire face à ce qu'il présente comme une crise de l'asile. Cette initiative, portée par Marjolein Faber, la ministre de l'asile et de la migration issue du Parti pour la liberté (PVV) de Geert Wilders, inclut des mesures drastiques telles que la réinstauration de contrôles aux frontières, la suspension temporaire de l'examen des demandes d'asile, le durcissement des conditions d'accueil et la limitation du regroupement familial, notamment en rendant impossible la réunification pour les enfants majeurs.

Faber justifie sa méthode en invoquant des "circonstances exceptionnelles". Cependant, des experts juridiques critiquent cette approche, faisant valoir que la loi ne devrait être modifiée que dans le cadre de situations telles que des catastrophes naturelles ou des pandémies. Viola Bex-Reimert, professeure de droit public à l'Université d'Utrecht, s'oppose fermement à ce projet, soulignant que permettre une telle loi remet en question le rôle du Parlement dans le traitement de problèmes orchestrés par les autorités.

Mais qu'est-ce qui a réellement provoqué cette situation ? Selon des experts, c'est le refus des autorités de répartir équitablement les demandeurs d'asile sur tout le territoire néerlandais et d'augmenter la capacité des centres d'accueil qui est à l'origine de ces tensions. En juillet, le pays a enregistré une baisse significative des demandes d'asile, avec seulement 2 600 dossiers, après un pic de 5 000 demandes en octobre 2023. En 2023, 27 000 titres de séjour temporaires ont été délivrés, soit une baisse de 2 500 par rapport à l'année précédente.

Le projet de loi doit maintenant être présenté à la Deuxième chambre par Dick Schoof. Si le texte est adopté, cela donnerait à Marjolein Faber les coudées franches pour mener une politique conforme aux idéaux de son parti. Étonnamment, malgré ses positions radicales sur l'immigration et l'islam, Faber semble adopter un discours plus modéré depuis sa nomination, s'efforçant de gagner le soutien des autres partis de la coalition, notamment le Nouveau Contrat social (NSC) et le Parti populaire pour la liberté et la démocratie (VVD).

Cependant, la route est semée d'embûches. Le VVD, sous la direction de Mark Rutte, avait précédemment rejeté des mesures d'urgence en 2022 lorsque les centres d'accueil étaient déjà débordés. Actuellement, la coalition ne détient que 29 des 75 sièges au Sénat, rendant l'adoption de ces mesures incertaines. Pour les observateurs, cette ambiance politique et ce projet de loi soulèvent des interrogations fondamentales sur l'avenir de l'accueil des migrants aux Pays-Bas.