
Au procès du harcèlement d’Evaëlle, l’ancienne professeure refuse de reconnaître son rôle
2025-03-11
Auteur: Emma
AURELIA MOUSSLY / AFP
JUSTICE - Un témoignage déroutant.
En juin 2019, la tragédie a frappé la famille d’Evaëlle, une collégienne de 11 ans qui a mis fin à ses jours après avoir subi des actes de harcèlement scolaire répétés. Cette affaire est aujourd’hui au cœur d’un procès, suite à la plainte des parents d’Evaëlle contre une enseignante, accusée de harcèlement moral vis-à-vis de la jeune fille et de deux autres élèves.
Le 11 mars, au tribunal judiciaire de Pontoise, l’ancienne professeure de français a été interrogée. Sous contrôle judiciaire depuis cinq ans et désormais interdite d'enseigner à des mineurs, elle a commencé par exprimer sa souffrance d’être mise en cause dans la mort de son élève. "C’est extrêmement lourd à porter", a-t-elle confié, mentionnant une "pression médiatique" qui l’accompagne depuis des années.
Cependant, cela n'a pas apaisé la colère des avocats des familles. Maître Delphine Meillet a demandé : "Pourriez-vous avoir un mot pour cette petite fille qui s’est pendue dans sa chambre ?" Mais l’enseignante a éludé la question, insistant sur le poids de son propre choc émotionnel.
Des séances humiliantes
Les débats se sont intensifiés lorsque les avocats ont mis en lumière un événement clé : des séances de classe sur le harcèlement qui ont eu lieu juste avant le suicide d’Evaëlle. Selon des témoignages, l’enseignante aurait demandé à ses élèves d’exprimer leurs griefs à l'égard d’Evaëlle devant toute la classe. Cette session a été perçue par Evaëlle comme une humiliation, qu'elle avait décrite à ses parents en déclarant avoir "vécu le pire jour de sa vie".
Des déclarations contradictoires
"Je n’étais pas au courant que la jeune fille était harcelée", a affirmé l’enseignante, alors même que des témoignages d’élèves suggèrent le contraire. L'enseignante a insisté sur le fait qu'elle n’avait pas voulu désigner Evaëlle comme la cible de ses remarques, mais les jeunes présents ont rapporté des incidents où la professeure a demandé à Evaëlle de ne pas pleurer, en prétendant vouloir "régler le problème".
La procureure et les avocats des parties civiles ont souligné un manque flagrant d'empathie de la part de l'enseignante, qui semble percevoir cette affaire sous un angle victimisant.
Risque considérable
En fin de compte, lors de ce procès, l'ancienne professeure risque jusqu'à deux ans de prison ainsi qu'une amende pouvant atteindre 30 000 euros, face à des actes qui ont conduit à une tragédie implacable. Les parents d’Evaëlle espèrent que de telles affaires ne resteront plus dans l'ombre et que des mesures seront prises pour protéger les jeunes victimes de harcèlement scolaire.