Au procès des viols de Mazan, les accusés plaident le « viol sans intention de le commettre »
2024-09-28
Auteur: Chloé
Lors du procès des viols à Mazan, les accusés semblent faire front pour se défendre. Fabien S. a affirmé : « J’ai été manipulé », tandis que Joan K. a reconnu qu’il y avait bien eu de la manipulation. D’autres, comme Jacques C. et Hugues M., ont exprimé leur sentiment d’avoir été trompés et d’avoir eu trop confiance. Ces déclarations ont été entendues par la cour criminelle du Vaucluse à Avignon, où neuf des quarante-neuf accusés, impliqués dans des affaires de viol, de tentative de viol ou d’agression sexuelle sur Gisèle Pelicot, se sont présentés le 25 septembre dernier. Le quinzième accusé est en fuite.
Le procès Pelicot a ainsi ravivé le débat autour de la notion de consentement dans la législation sur le viol. Les accusés ont plaidé en faveur de l'introduction d'un nouveau délit de « viol involontaire » dans le Code pénal, soutenant que les circonstances entourant leur situation étaient complexes. Ils ont affirmé que leur présence dans cette procédure était le résultat d’un malheureux engrenage dont ils ont été les victimes.
Les témoignages fournis par Dominique Pelicot, qui a enregistré des preuves des abus subis par son ancienne épouse, déjà droguée, semblent contradictoires avec les affirmations des accusés, qui nient pourtant toute intention coupable. Certains ont explicitement reconnu les viols, mais ont nié l'intention. « Je reconnais le viol, mais pas l’intention », a déclaré l'un d'eux, et plusieurs accusés ont insisté sur le fait qu’ils n’avaient jamais eu le projet ou le désir de commettre de tels actes.
L’avocat de Gisèle Pelicot, Stéphane Babonneau, a fortement contesté cette ligne de défense, interrogeant les accusés sur leur conscience durant les actes. Un des accusés, Lionel R., a tenté d'expliquer sa position, en affirmant qu'il ne s'était jamais dit : « Je vais aller violer cette dame », mais a finalement admis que sans le consentement, il ne pouvait que constater les faits. Sa défense soulève des questions inquiétantes sur la prise de conscience et la responsabilité dans des cas de viol.
Ce procès met également en lumière les pratiques de consommation d'alcool et de drogues dans certaines cultures, contribuant à une ambiance de blâme qui pourrait influencer la manière dont le cas est perçu par le grand public. Les accusés tentent ainsi de masquer leurs actes sous des prétextes de « jeux sexuels » ou de « délires de couple », ce qui soulève des inquiétudes quant à la perception sociale du consentement et des agressions sexuelles.
Ce procès est non seulement un appel à la justice mais aussi un rappel fort des enjeux liés au consentement et à la responsabilité personnelle. La société doit faire face à la réalité des violences sexuelles et intervenant dans des systèmes de pouvoir et de manipulation qui demeurent ancrés dans nos comportements.