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Attaque chimique en Syrie : des soignants révèlent avoir été contraints de fournir un faux témoignage

2024-12-23

Auteur: Louis

Plus de six ans après l'effroyable attaque au chlore à Douma, en Syrie, qui a causé la mort de 43 personnes, deux médecins et un infirmier témoignent des pressions exercées sur eux par le régime de Bachar al-Assad pour qu'ils nient l'utilisation d'armes chimiques. Ces révélations, obtenues par l'AFP, soulignent les méthodes d'intimidation mises en œuvre par le gouvernement syrien pour étouffer la vérité.

L'attaque s'est produite le 7 avril 2018, lorsque les forces progouvernementales intensifient les bombardements sur Douma, le dernier bastion rebelle de la Ghouta orientale, à proximité de Damas. Les secouristes et les témoins de l'époque ont rapidement dénoncé l'usage du chlore, une accusation que les autorités syriennes et russes ont vigoureusement rejetée.

Parmi les images qui ont circulé sur les réseaux sociaux, une vidéo poignante montre des médecins soignant des victimes dans un hôpital de fortune : des blessés gisant au sol, aspergés d'eau pour tenter de leur apporter un soulagement.

Les services de sécurité de Damas ont ensuite convoqué tout le personnel médical ayant participé à l'aide des victimes. Ce week-end, les trois soignants ont raconté comment ils ont été forcés de fournir de faux témoignages sous la menace.

Des menaces explicites

Le Dr Mohammad Al-Hanach, un chirurgien orthopédique, a relaté comment il a été contraint de se présenter à l'interrogatoire en raison de menaces directes sur sa famille. "Ils m'ont fait comprendre qu'ils savaient où trouver mes proches à Damas", a-t-il déclaré. Au cours de son interrogatoire, un pistolet était posé sur la table, lui laissant peu de doute sur ce qui était attendu de lui.

"Je savais que je devais éviter d'être trop précis dans mes réponses et j’ai nié l'existence de l'attaque chimique", a-t-il précisé. De son côté, le Dr Hassan Ouyoun raconte avoir subi la même pression, avec des questions suggérant qu'il devait expliquer les cas de suffocation par des raisons autres que l'usage d'armes chimiques.

L'infirmier Mouwafaq Nisrine a également témoigné, confiant qu'il savait parfaitement ce qui était demandé de lui : "Ils voulaient à tout prix prouver qu'il n'y avait pas eu d'attaque chimique", se rappelle-t-il, tandis qu'il s'inquiétait pour la sécurité de sa famille restée à Douma.

Une enquête internationale compromise

En janvier 2023, l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) a publié un rapport accablant pour le régime syrien, affirmant que des hélicoptères de l'armée avaient largué des barils de gaz toxique sur Douma. Pourtant, les témoignages obtenus sous contrainte ont largement contribué à créer un récit opposé, diffusé par les médias d'État syrien.

Le 14 avril 2018, en réponse à l'attaque chimique, les États-Unis, la France et le Royaume-Uni ont mené des frappes militaires contre les positions du régime syrien. Ce jour-là, les trois soignants ont été informés de l'arrivée des enquêteurs de l'OIAC, mais sous une menace constante, ils ont dû enregistrer des témoignages conformes à la version officielle.

Récemment, après des mois d'oppression, ces médecins ont pu quitter la Syrie pour témoigner dans un environnement sécurisé. Le Dr Hanach a exprimé une satisfaction mitigée, reconnaissant que leur faux témoignage n'avait pas entravé les enquêtes internationales prouvant l'utilisation d'armes chimiques. Toutefois, il précise : "La joie est incomplète car la véritable justice n'arrivera que lorsque les coupables de ces crimes seront punis."

Dans un monde où la vérité est de plus en plus difficile à établir, ces révélations apportent un éclairage crucial sur la nécessité d'une justice réelle pour les victimes de la guerre en Syrie.