Nation

Atosca et les mystères des matériaux de l’A69 : Une enquête explosive!

2025-03-21

Auteur: Chloé

Près de deux millions de tonnes. C'est le volume colossal de matériaux qu’Atosca devra extraire des carrières de la région pour finaliser le projet de l’A69, si le chantier reprend un jour. Cette révélation a été confirmée par le préfet d'Occitanie, Pierre-André Durand, dans une lettre à la députée écologiste Christine Arrighi, datant du 28 février 2025, et à laquelle Mediacités a eu accès.

Cette information remet en question les affirmations du concessionnaire de l’autoroute Toulouse-Castres, qui avait minimisé le besoin en matériaux tout au long du processus. Elle soulève des doutes sur la franchise de l’offre qui lui a permis de décrocher le contrat en 2021. Cela corrobore également le travail d’investigation de notre consœur Clarisse Feletin, qui a mis en lumière ces préoccupations dans deux enquêtes sur Off Investigation en janvier et février derniers.

La construction d'une autoroute nécessite un déblaiement et un remblaiement de millions de tonnes de matériaux, souvent extraits de carrières. Cela représente non seulement un coût financier significatif, mais a également d'importantes répercussions environnementales, particulièrement dans le cadre d'un chantier d'une telle envergure.

Le projet de l’A69 est loin d’être une exception. Selon le dossier d’utilité publique de 2016, le chantier nécessitait environ 5,4 millions de mètres cubes de matériaux, dont 1,3 million devait être importé. L’Autorité environnementale avait exprimé ses préoccupations quant à la transparence de ces informations lors de l’enquête publique, préconisant au concessionnaire de clarifier la provenance des matériaux et d’évaluer les impacts liés à leur extraction et leur transport.

Un audit indépendant de 2022 a révélé que non seulement le projet nécessitait ces matériaux, mais qu'il pourrait également générer un excédent de 500 000 tonnes de remblais. Cependant, Christine Arrighi a découvert, dans un schéma régional des carrières publié en février 2024, que le besoin en matériaux extérieurs était toujours évalué à 1,3 million de mètres cubes.

Après avoir convoqué Martial Gerlinger, le directeur général d'Atosca, pour des explications, celui-ci a tenté de défendre sa position, mais ses déclarations contradictoires ont alimenté le scepticisme. En effet, il a reconnu un besoin en « matériaux de transition » tout en prétendant qu'Atosca n'avait plus besoin de recourir à des carrières extérieures.

Les calculs effectués par Arrighi montrent que, à un coût moyen de 30 euros par tonne, l’extraction pourrait engendrer jusqu'à 57 millions d'euros de dépenses pour le constructeur. À cela s’ajoute le coût du transport, représentant un défi logistique monumental avec l’utilisation potentielle de 61 290 semi-remorques.

Pour Arrighi, ces révélations sont troublantes et suggèrent qu’Atosca n’a pas pris en compte les coûts environnementaux et financiers dans son offre. Elle a décidé de signaler ces faits au parquet de Paris, dénonçant des « manœuvres dolosives » et des déclarations potentiellement mensongères de la part de Gerlinger lors de la commission d’enquête parlementaire.

Les conséquences juridiques pour Atosca pourraient être significatives, d'autant plus que les allégations avancées par Arrighi pourraient constituer une infraction pénale, passible de trois ans d’emprisonnement et d’une amende de 45 000 euros. Ce dossier souligne non seulement une possible manipulation dans l'attribution de contrats publics mais soulève également des préoccupations cruciales sur la transparence et l'intégrité dans la gestion des infrastructures en France. Le projet de l’A69 pourrait bien se transformer en un véritable scandale!