Antarctique : des scientifiques luttent pour obtenir l'autorisation d'adopter un chat
2025-01-09
Auteur: Sophie
À la base McMurdo, la principale station de recherche américaine en Antarctique, la vie quotidienne n'est pas de tout repos. Entre le travail scientifique, les loisirs comme la musique, le sport et la lecture, les résidents temporairement isolés font leur possible pour garder le moral, surtout lors de la longue nuit polaire. En effet, de février à août, la station est plongée dans l'obscurité, et sa population diminue considérablement, passant de milliers à quelques centaines d'habitants. Les températures peuvent descendre à moins de -45°C, rendant les conditions de vie très difficiles.
Au milieu de cette austérité, Stuart Behling, chercheur à McMurdo, se remémore avec nostalgie sa chatte Luna, décédée alors qu'il était en mission. Son chagrin l'a poussé à organiser une exposition lors de la fête scientifique annuelle de la station, prônant les bienfaits d'avoir un animal de compagnie, en particulier un chat. "J'avais des idées vagues sur les avantages des chats pour la santé mentale", dit-il, tout en évoquant le chat bien-aimé de l'explorateur Ernest Shackleton.
Historiquement, de nombreuses expéditions en Antarctique du début du XXe siècle embarquaient des chats et autres animaux. Par exemple, l'expédition Endurance de Shackleton en 1914 avait pour mascotte Mrs. Chippy, le chat du menuisier. Cependant, depuis 1994, les réglementations strictes du traité sur l'Antarctique interdisent l'introduction de toute espèce non indigène, y compris les chats, rendant la quête de Behling particulièrement complexe.
Avant que Behling ne s'implique, un groupe informel appelé Antarctic Cat Club avait déjà vu le jour pour partager des photos de leurs animaux restés chez eux ; ses membres se soutiennent virtuellement à travers des échanges sur Internet. Phil Jacobsen, l'un des membres fondateurs, insiste sur la difficulté de laisser son animal derrière lors d'un déploiement en Antarctique. "Un chat ne comprend pas que vous partez pour six mois, il pense juste que vous faites un petit tour", explique-t-il.
Traditionnellement, les animaux de compagnie ont été considérés comme une menace pour la faune locale, notamment parce qu'ils pouvaient transmettre des maladies aux espèces indigènes, comme les phoques, qui sont essentiels à l'écosystème local.
Malgré ces défis, Behling a identifié une possibilité d'introduire un chat sous le statut d'animal de laboratoire à des fins de recherche. Un projet de ce type, selon lui, pourrait apporter des données précieuses tant pour la recherche scientifique que pour le bien-être des résidents de la station. Il a même conçu un diorama de ce à quoi la vie avec un chat pourrait ressembler à McMurdo, incluant un sas pour éviter toute évasion.
"Si nous réussissons à faire venir un chat, ce serait le plus gâté de l'univers", s'exclame Jacobsen. Toutefois, il avertit sur les précautions qui doivent être prises pour préserver l'écosystème fragile de l'Antarctique. Un simple parasite pourrait déclencher une catastrophe écologique, menaçant la faune locale, notamment les manchots.
En fin de compte, si leur rêve se réalisait, quel nom donneraient-ils à un chat de l'Antarctique ? Behling propose d'organiser un sondage pour choisir entre des noms historiques, peut-être en lien avec des explorateurs ou des navires illustres, comme Mrs. Chippy. Jacobsen suggère quant à lui le nom de "The Coolest", un clin d'œil à l'unicité d'avoir un chat dans l'environnement le plus froid du monde. Les recherches sur le moral et le bien-être des résidents pourraient prendre une tournure inattendue, mais il reste à voir si les autorités valideront cette initiative historique.