« En observant ces cinq dernières années, nous continuons de penser que les avantages d’être tous ensemble au bureau sont importants », a déclaré Andy Jassy, le PDG d’Amazon, par le biais d'un message interne diffusé le 16 septembre 2023. À partir du 2 janvier 2025, les 300 000 employés des services administratifs chez Amazon, qui pouvaient auparavant télétravailler deux jours par semaine (contre trois avant 2023), ne disposeront plus de cette option.

La réaction ne s'est pas fait attendre, notamment d'un salarié français d'une filiale étrangère du groupe : « Même nos manageurs n’étaient pas au courant ! C’est une mesure drastique et difficile à comprendre sur le plan environnemental et social. Des collègues seniors habitant loin commencent déjà à envisager d'autres options professionnelles. » Une autre employée a exprimé ses inquiétudes, affirmant que cela pourrait pousser certains à faire des sacrifices, tels que plus de temps dans les transports et des journées de travail prolongées, menaçant ainsi leur bien-être et augmentant le risque de burn-out.

Amazon n'est pas un cas isolé : le cabinet de conseil PwC a récemment annoncé à ses 26 000 employés britanniques qu'ils devront passer au minimum trois jours par semaine au bureau ou chez les clients à partir de janvier 2025. De plus, Ubisoft a également imposé cette même mesure à ses 18 000 employés.

En France, la dynamique du télétravail reste différente. Alors que de nombreuses entreprises internationales reviennent à des modèles de travail en présentiel, la pratique du télétravail en France a gagné en popularité, principalement en raison de la pandémie de Covid-19, qui a conduit à la formalisation d'accords d'entreprise. Selon l'Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE), 18,8 % des salariés français avaient télétravaillé au moins un jour par semaine en 2023, avec deux jours par semaine étant le rythme le plus courant.

Les entreprises ayant signé un accord triennal en 2021 réfléchissent actuellement à leur évolution. Benoît Serre, vice-président de l'Association nationale des directeurs des ressources humaines, a indiqué que cette renégociation ne vise pas à réduire le télétravail, mais plutôt à en améliorer la pertinence : « Cela n'évolue pas dans une logique de réduction, mais d’organisation pour clarifier un système qui était parfois flou. » Certaines entreprises choisissent de restreindre le télétravail autour des congés ou de proposer un quota de jours de travail à distance par semestre au lieu de par semaine, afin de favoriser une meilleure organisation.

Cette tendance chez des géants de l'industrie pourrait influencer le marché du travail et les attentes des employés, remettant en question la flexibilité tant convoitée du travail à distance. Les employés français semblent en effet préférer un équilibre entre la vie professionnelle et personnelle, mais les décisions prises par ces entreprises américaines pourraient les contraindre à s'adapter à un nouveau paradigme.