"Amandine m’a dit je vais mourir" : Le témoignage bouleversant de Lola, surveillante à l’internat où vivait l'adolescente tragiquement décédée
2025-01-23
Auteur: Sophie
Au quatrième jour du procès de Sandrine Pissarra et Jean-Michel Cros, accusés d'avoir laissé mourir Amandine, une adolescente de 14 ans, de faim, Lola, une surveillante de l’internat de l'école de Sigean, a livré un témoignage poignant. Elle a saisi la justice à la dernière minute pour témoigner, et le président du tribunal, Emmanuélidis, a accepté de l'écouter.
Une détresse insupportable
"J’ai partagé des moments avec Amandine au collège de Sigean de la rentrée 2019 jusqu'en mars. Elle avait du mal à se confier aux adultes mais se livrait davantage à ses camarades. Lorsque le président a annoncé le confinement, les garçons étaient si heureux, mais Amandine, non. Je me souviens qu'elle était vraiment affectée. " Sa voix s’étrangle, et elle remercie les membres du tribunal avant de poursuivre. "Il y a eu un évènement tragique ; elle avait volé un petit quelque chose à la cantine, sans gravité. Elle plaisantait à ce sujet, disant qu'il fallait nourrir son esprit brillant. Mais à un moment donné, elle s'est écroulée, en larmes. Ses mots me hantent encore : ‘Lola, je vais mourir. Je ne tiendrai jamais. Combien de temps cela va durer ?’ Je ne savais pas quoi répondre. Ses amis tentaient de la rassurer, lui disant qu’elle reviendrait les voir."
Des appels au secours ignorés
Lola a décrit comment elle avait essayé de réconforter Amandine le soir même, mais sa détresse était palpable. Le lendemain, elle a immédiatement alerté la direction de l’internat. "J’ai parlé au CPE, lui expliquant que cette petite était terrorisée, mais malheureusement, cela n’a pas changé la situation. Le dernier jour où je l'ai vue, nous devions quitter l'internat. Elle m’a dit que je lui manquerais. C’est la dernière image que j'ai d'elle. Par la suite, nous avons essayé de contacter sa famille pour récupérer ses affaires, mais nous n’avons jamais eu de nouvelles," a-t-elle ajouté, les larmes aux yeux.
Une tragédie qui résonne dans les cœurs
En mars, Lola n’arrivait pas à comprendre pourquoi Amandine exprimait cette peur d'une manière si répétée. "C’était déchirant de la voir pleurer. L’annonce de sa mort a été un choc pour moi. C’était une adolescente pleine de vie, au visage lumineux, et maintenant…" Son témoignage a laissé l’audience dans un silence accablant. Le président a suspendu la séance en raison de l’émotion palpable dans la salle. Frédéric Flores, le père d’Amandine, a pris Lola dans ses bras, pleurant à chaudes larmes. "C’est tragique, ce qu’elle vient de raconter. Je suis totalement sous le choc. Je ne savais pas qu’elle souffrait tant. Cela remet tout en question…" Amandine n’est plus là, mais son histoire tragique continue de résonner dans les coeurs de ceux qui l'ont connue.