L'image de l'adolescent affalé sur son lit, regard rivé sur un écran, une canette de soda et un paquet de chips à portée de main, est aujourd'hui un cliché répandu. Cependant, cette représentation ne se limite pas à un simple stéréotype ; elle illustre une réalité préoccupante, documentée par des statistiques alarmantes. La santé des adolescents se dégrade rapidement. Le manque d'activité physique, associé à une alimentation déséquilibrée, conduit à l'émergence de maladies qui étaient autrefois réservées aux personnes âgées. C'est une réalité que l'on observe dans les établissements scolaires, comme au lycée Maryse Bastié à Limoges.

Les élèves, souvent essoufflés et peu agiles, se rendent au gymnase du lycée pour leur unique cours d'EPS de la semaine. Les retours des enseignants sont clairs : "Les élèves montrent moins d'enthousiasme pour l'effort physique. Leur résistance lors des tests est préoccupante. Certains élèves n'arrivent même pas à terminer un simple test de six minutes de course", déclare Gaëlle Clavaud-Petit, leur professeur d'EPS. Une étude menée par Enclass en 2022 révèle qu'en seulement 25 ans, les capacités cardio-vasculaires des enfants ont chuté de 40 %.

Les filles, en particulier, bougent moins que les garçons. Zoé, une élève, partage son quotidien : "Je sors très peu, je reste souvent chez moi à regarder des vidéos, et je n'ai pas l'énergie pour faire du sport. Les personnes plus âgées s'étonnent de notre mode de vie, car ils pratiquaient beaucoup de sport à notre âge. Changer nos habitudes risque d'être difficile", confie-t-elle. Selon l'Organisation mondiale de la santé, soixante minutes d'activité physique par jour sont recommandées pour les adolescents. Pourtant, seulement 14 % des jeunes entre 11 et 15 ans en France respectent cette recommandation.

L'alimentation joue également un rôle crucial dans ce tableau alarmant. "Nous sommes trop accros à nos téléphones, et on finit par grignoter en regardant des vidéos dans notre chambre", raconte Léa. Malgré la conscience des risques liés à une alimentation déséquilibrée, les habitudes sont souvent difficiles à changer. D'autres adolescents, comme Nassim, admettent qu'ils ne mangent pas suffisamment de légumes : "J'aime les fruits, mais ce n'est pas suffisant."

Maxime Sodji, un chirurgien de l'obésité, témoigne des conséquences de ces comportements sur la santé des jeunes : "Nous voyons de plus en plus de cas de maladies autrefois réservées aux adultes, comme le cancer colorectal, chez des patients de moins de quarante ans. C'est un signal d'alarme. Notre mission est de sensibiliser les jeunes en leur partageant des récits de vie, et non de les effrayer".

Aujourd'hui, en France, 17 % des jeunes âgés de 6 à 17 ans sont en surpoids, dont 4 % souffrent d'obésité. La sédentarité est classée comme la quatrième cause de mortalité, et la première cause de mortalité évitable selon l'OMS. Le risque d'obésité, de diabète, d'hypertension, de maladies cardiovasculaires, ainsi que de plusieurs types de cancer, augmente de manière exponentielle avec la sédentarité. Face à cette situation préoccupante, il est temps d'agir et de repenser notre mode de vie pour préserver la santé des générations futures.