Dans un contexte de désindustrialisation croissante et de compétition mondiale féroce, Airbus, Dassault et près de 90 autres entreprises majeures du secteur technologique européen ont émis un appel retentissant pour la création d'un fonds souverain destiné à revitaliser l'industrie européenne. Mais la question se pose : une véritable « préférence souveraine » est-elle encore envisageable ?

Les débats sur la souveraineté nationale prennent souvent une forme tendue, notamment lorsqu'ils sont associés à des idéologies extrêmes. Pourtant, nombreux sont ceux qui appellent à une renaissance industrielle, indépendamment des clivages politiques. Après des décennies de délocalisation et de perte de savoir-faire, la nécessité de retrouver une autonomie stratégique devient de plus en plus pressante. Ceci est renforcé par le constat que de nombreuses entreprises ont longtemps négligé le maintien de leurs talents en Europe, entraînant un exode vers les États-Unis et le Canada, notamment dans les secteurs technologiques.

L’hypocrisie l'emporte lorsque des groupes, ayant contribué à cette délocalisation, s’étonnent aujourd'hui de la situation économique précaire de l'Europe. Il est grand temps que les dirigeants européens, y compris Ursula von der Leyen, prennent des décisions éclairées, au lieu de réagir à une crise qu'ils ont en partie contribué à créer.

Il est essentiel de comprendre que la discussion ne doit pas seulement tourner autour de la souveraineté française, mais aussi de la souveraineté européenne. L’Union Européenne, bien qu'encore en phase de structuration de ses institutions, doit dépasser ce stade d'incertitude et se positionner comme un leader industriel sur la scène mondiale. Le modèle américain, qui a pris des décennies à se développer, ne peut être reproduit en un an en Europe sans des bases solides.

D'ailleurs, l'absence d'initiatives performantes européennes dans le domaine des technologies avancées en est le reflet. Au-delà des outils financiers comme Mailo pour la messagerie, l'Europe doit impérativement investir dans sa propre recherche et développement, en s'assurant que de futurs projets d'IA et d'autres innovations restent sur le sol européen.

Enfin, il est fondamental que l'Europe prenne conscience des défis qui l'attendent et agisse en conséquence pour éviter de se retrouver dépendante de pays tiers. La route vers une véritable indépendance industrielle est semée d'embûches, mais avec une détermination collective, l'Europe peut et doit renforcer sa position sur la scène mondiale.