Santé

Addiction : la face cachée des médicaments anti-parkinsoniens

2025-01-18

Auteur: Emma

Enquête sur les effets indésirables dévastateurs des traitements contre Parkinson.

En France, 273 000 personnes luttent contre la maladie de Parkinson, un mal incurable. C'est le cas de Stéphan Grange, cadre dans la région parisienne, qui a commencé à prendre Requip, un médicament du laboratoire GSK, en 2019. Initialement, le traitement apporte un soulagement notable en réduisant les tremblements et la rigidité. Cependant, en l'absence de lien établi avec son traitement, Stéphan développe des addictions graves au jeu et à la sexualité, s’endettant à hauteur de 90 000 euros en seulement deux ans.

Le 15 février 2024, il intente une action en justice contre GSK, mettant en lumière un manque de transparence sur les effets secondaires potentiellement catastrophiques de leur médicament. La firme britannique commercialise le Requip en France depuis 1997 sans avoir mis à jour les avertissements concernant ces risques.

Comment un médicament destiné à aider les patients peut-il provoquer de telles compulsions ? Le traitement anti-parkinsonien, en agissant sur le système de la dopamine (un neurotransmetteur régulant le plaisir et le désir), peut aussi déséquilibrer le système de récompense dans le cerveau, entraînant des pulsions incontrôlables et des addictions. Ce phénomène est particulièrement observé chez les patients prenant des agonistes dopaminergiques comme le Requip, utilisé par environ 48 000 Français.

Des paris à la sexualité débridée

Sous l’effet de Requip, Stéphan, qui n’avait jamais été joueur auparavant, commence à parier jusqu'à six fois par jour. En période de pandémie, lorsque les compétitions sportives sont suspendues, il se retrouve à parier sur des matches de football biélorus. En parallèlement, il développe une addiction au sexe, exigeant des rapports quotidiens de sa partenaire, ce qui mène à la rupture de leur couple.

Cinq ans plus tard, en cherchant à comprendre ce qu'il lui arrive, il découvre que des cas d’addiction liés à des traitements dopaminergiques sont mentionnés dans la notice du médicament, bien que les statistiques restent floues.

Une réalité alarmante

Des études menées dans des hôpitaux, notamment par le professeur Jean-Christophe Corvol à la Pitié-Salpêtrière, indiquent qu’un patient sur deux sous agonistes dopaminergiques peut développer des troubles du contrôle des impulsions dans les cinq ans suivant le traitement. Malgré cela, GSK refuse de modifier la notice du Requip. Stéphan Grange espère que la justice imposera une transparence accrue de la part des laboratoires.

Exemples tragiques et combats judiciaires

Le récit de Stéphan n’est pas un cas isolé. D’autres patients, comme Sandrine, une femme également traitée par Requip, partagent des expériences similaires. Elle a ainsi perdu près de 50 000 euros dans des jeux de hasard en ligne et a vu son poids grimper de 15 kg à cause de compulsions alimentaires. Elle a aussi engagé des poursuites contre GSK pour négligence quant aux impacts de son traitement.

Un autre cas extrême est celui de Patrick, un homme parfois décrit dans la presse comme le « serial cat killer », qui a commis des actes de cruauté envers des animaux sous l'emprise de ses addictions, en lien direct avec l'augmentation des doses de son traitement. Ce comportement inacceptable a entraîné une condamnation judiciaire, mais pas sans soulever des questions sur la responsabilité et l'influence du médicament sur son comportement.

Un dilemme éthique pour l'industrie

Les histoires tragiques de Stéphan, Sandrine et Patrick illustrent non seulement les dangers des médicaments anti-parkinsoniens, mais aussi la responsabilité éthique des laboratoires pharmaceutiques. Ces traitements sont souvent nécessaires pour améliorer la qualité de vie des patients, mais la possibilité d'effets secondaires graves comme les addictions suscite un examen approfondi des pratiques d'information des patients.

Appels à l'action

Alors que France Parkinson et d'autres associations de patients sont appelées à agir pour protéger les malades, les neurologues commencent à s’interroger sur leurs prescriptions. Il semble essentiel de sensibiliser les médecins aux risques potentiels liés au traitement et de remettre en question les pratiques de prescription actuelles, d'autant plus que la maladie de Parkinson devient de plus en plus répandue dans notre société vieillissante.

In fine, il est crucial d’alerter non seulement les patients mais aussi leurs familles sur ces risques, afin de prévenir des scénarios dévastateurs comme ceux vécus par Stéphan, Sandrine et Patrick.