À l’aube de l’Amérique : Un Western de la flemme et de la déception sur Netflix
2025-01-11
Auteur: Léa
American Origin Story
Le nouveau show de Netflix, À l’aube de l’Amérique, nous plonge dans un chapitre tumultueux de l'histoire américaine, précisément en 1857, quatre ans avant le déclenchement de la Guerre de Sécession. La Conquête de l’Ouest touche à sa fin, tandis que les tensions entre cowboys, Indiens et Mormons sont palpables, mettant en lumière un conflit moins exploré de la culture américaine.
Au cœur de cette série, le récit suit une mosaïque de personnages tentant de forger leur propre destin dans un environnement hostile et imprévisible. La très grande étendue des paysages amples semble jouer un rôle essentiel, contribuant à un suspense omniprésent. Mais derrière cette promesse de tension et de danger, la série peine à captiver pleinement son auditoire.
L’aspect le plus marquant, et visiblement celui qui a été mis en avant dans la campagne promotionnelle, est l'ultra-violence omniprésente. Netflix semble vouloir se démarquer de l'autorité de Yellowstone en adoptant une approche brute et graphique, mais cet excès de violence finit par devenir redondant et, finalement, laisse une impression d'ennui. Les séquences qui devraient choquer ou émouvoir manquent souvent de profondeur émotionnelle et de nuance.
Il convient de noter que le scénariste Mark L. Smith, connu pour son travail sur The Revenant, donne un ton sombre et brut à la série. Cependant, l'utilisation répétée de la violence comme principal ressort narratif donne l'impression d'une vacuité émotionnelle qui ne parvient pas à maintenir l'intérêt. La mise en scène de Peter Berg, bien que parfois efficace, tombe rapidement dans des clichés, limitant l'impact dramatique des événements. Les embuscades filmées avec la même approche deviennent prévisibles et nuisent au rythme de l’histoire.
En termes de direction artistique, le travail du Français Jacques Jouffret apparaît terne, et tente peut-être d'évoquer un univers moralement gris et inhospitalier. Pourtant, cette décision contribue au manque de dynamisme général, rendant l'expérience de visionnage pénible plutôt qu'intense. Alors que la série vise à illustrer un tableau réaliste du Far West, elle échoue à créer un lien émotionnel solide avec ses personnages, ce qui pourrait potentiellement captiver le spectateur.
L'intrigue aurait probablement bénéficié d'une structure plus serrée, en exploitant le potentiel d'un casting impressionnant mais sous-utilisé. Bien que les performances de Betty Gilpin et Taylor Kitsch soient notables, leurs arcs de rédemption deviennent trop facilement prévisibles. Les véritables perles de la série résident dans certains personnages secondaires, comme le magistral Shea Whigham, dont le personnage gagne en complexité, en contraste avec l'essor d'un récit qui finit par piétiner.
En fin de compte, À l’aube de l’Amérique se solde comme une opportunité manquée. L'idée de produire un western moderne qui aborde les thèmes de la violence et du racisme systémique aux États-Unis aurait pu donner lieu à une œuvre puissante, surtout face aux enjeux contemporains. Malheureusement, le résultat final ressemble plus à une perte de temps qu'à une série mémorable. Il est décevant de voir un tel potentiel sombrer dans la monotonie.
À l’aube de l’Amérique est disponible sur Netflix depuis le 9 janvier 2025, mais le conseil d’un visionnage peut être à double tranchant.